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Emmanuel de Waresquiel : "Une culture politique de l'affrontement", héritage de la Révolution


Emmanuel de Waresquiel, historien, auteur de "Il nous fallait des mythes - La Révolution et ses imaginaires de 1789 à nos jours" (Tallandier), est l'invité du Grand entretien.


Emmanuel de Waresquiel Historien français



   
Provient de l'émission
L'invité de 8h20 : le grand entretien

Au programme
  • L'historien Emmanuel de Waresquiel pointe l'héritage de la Révolution pour la société française contemporaine. Dans son livre, "Il nous fallait des mythes - La Révolution et ses imaginaires de 1789 à nos jours" (Tallandier), il montre la permanence des mythes nés pendant la Révolution dans la conscience des Français. Par exemple, "une tendance à apprécier ou à pratiquer une culture politique de l'affrontement plus qu'une culture politique du compromis" ou "une appétence pour les rêves, l'utopie et pour les mots aussi."

    Ainsi, Emmanuel de Waresquiel regrette "le niveau de l'amnésie" actuel qui "monte plus vite que le niveau de la mer" et remarque qu'aujourd'hui, "les discours l'emportent sur les actes" avec une tendance à "se contenter des discours". "Qui tient la tribune tient le pouvoir", constate l'historien qui rappelle que Robespierre "tombe parce qu'il n'arrive pas à prononcer son discours".

    Deux formes de légitimités en héritage

    La Révolution nous a légué "deux formes de légitimité antagonistes", estime Emmanuel de Waresquiel. "La légitimité de la représentation nationale, par les urnes, et la légitimité de la démocratie directe, c'est à dire de la rue". "Quand les sans-culottes marchent sur la convention nationale avec du canon pour obtenir des décrets encore plus radicaux, c'est ça. Et ça perdure. Les gilets jaunes, c'est un peu une émanation tardive de cette légitimité de la rue. La prise de la Bastille, c'est la reconnaissance de la violence légitime du peuple."

    Un rapport paradoxal à la hiérarchie

    Le peuple français demeure habité par un paradoxe, juge l'auteur de "Il nous fallait des mythes - La Révolution et ses imaginaires de 1789 à nos jours" (Tallandier) : le besoin d'un roi et le besoin de lui couper la tête. Les Français sont "les héritiers d'une double culture : d'une culture d'ancien régime, qui est une culture de révérence donc on a un peu tendance de temps en temps à cirer les bottes de notre supérieur, et en même temps, étant donné que nous sommes aussi les héritiers d'une culture révolutionnaire et égalitaire, on a très envie de lui couper la tête", précise Emmanuel de Waresquiel.

    Emmanuel Macron semblable à Louis-Philippe ?

    Emmanuel de Waresquiel compare Emmanuel Macron à Louis Philippe : "À la différence de ses prédécesseurs, Louis Philippe a une conception plus personnelle du pouvoir, et applique une politique : 'Français, enrichissez-vous'." L'historien note également que le dernier roi à avoir régné en France, entre 1830 et 1848, "avait du mal avec ses ministres, il en changeait souvent".

Illustration
Emmanuel de Waresquiel, invité de la Matinale de France Inter le mercredi 18 septembre 2024
Photographie
  • Grégoire Nicolet
Copyright
  • Radio France
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