Collection et bibliothèque des vélins
Nous nous promenons d'abord dans la réserve du Muséum, où sont rassemblées les collections qui ont le plus besoin de soins, d'être conservées avec des conditions de température et d'hygrométrie très précises. C'est la raison pour laquelle cette pièce n'est pas ouverte au public. C'est une bibliothèque qui existe depuis que le Jardin du Roi a été créé, il y a presque 400 ans. Nous voici dans la salle des vélins, aux côtés d'Alice Lemaire, directrice des bibliothèques et de la documentation du muséum, et de Clément Oury, directeur adjoint à la bibliothèque du Muséum national d'histoire naturelle, immergés dans une collection de livres et d'objets bien rangés et conservés. Une pièce qui comptabilise de 2 à 3 millions de documents de toutes nature. Cette bibliothèque fait partie des plus importantes du monde en matière d'histoire naturelle, habitée de livres en reliures de parchemin principalement, les plus fragiles, celles qui souffrent le plus des changements de température.
La salle est ainsi nommée, car elle a été conçue pour abriter cette collection qui compte 7 000 pièces, qui s'étendent sur quatre siècles, les plus anciennes datant du milieu du XVIIᵉ siècle et les plus récentes du début des années 2000. Le vélin, c'est un support, la peau d'un veau mort-né transformé en parchemin très fin, transparent, particulièrement bien adapté pour représenter l'histoire naturelle. Mais aussi de très précieux objets.
Mais dans la bibliothèque repose aussi de très précieux objets, des tableaux, des sculptures. En effet, le Muséum national d'histoire naturelle possède une composante artistique très forte, d'où, encore une fois, l'importance du dessin pour la représentation des espèces mais aussi des savants naturalistes qui ont légué tous leurs travaux, puisque l'histoire naturelle a besoin de l'art pour décrire les espèces. Cette pièce, c'est aussi toute la mémoire des inspirations d'artistes, des collections artistiques riches et variées. Des objets associés à des fonds d'archives scientifiques et personnelles qui racontent la vie scientifique des naturalistes comme Théodore Monod, Georges Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire, Buffon, le grand homme du Jardin du roi au XVIIIᵉ siècle. Une bibliothèque qui, depuis le XVIIᵉ siècle, a énormément d'histoire à raconter tant elle fournit de la documentation aux chercheurs et en retour, engrange tous les résultats de leurs recherches. Fournir des livres, récupérer des correspondances, des notes de terrain, des carnets de voyage. Un même double mouvement de fourniture de documentation pour la recherche et d'enrichissement par les résultats de la recherche qui se poursuit.
Une salle qui raconte quatre siècles du Jardin des plantes d'où une collection qui est à la fois scientifique et artistique, dont le but est vraiment d'instruire par l'image et de représenter surtout les espèces. En effet, le dessin est absolument indispensable à l'histoire naturelle pour fixer une description. Aujourd'hui encore, on dessine toujours pour les sciences naturelles avec des dessinateurs professionnels parmi les équipes du Muséum. C'est à partir de ces dessins que les cours d'histoire naturelle étaient délivrés. Un rôle pédagogique et scientifique donc à des fins d'encyclopédie, de description du monde vivant.
La plupart des archives ont été reçues parce que produites par des naturalistes ou des marins qui travaillaient pour le compte du Muséum, depuis l'époque du Jardin du Roi, depuis Louis XIV qui se servait de la science, de l'histoire des expéditions naturalistes comme d'un moyen de valoriser la gloire du royaume.
La grainetrie du Jardin des plantes
Aux côtés d'Isabelle Glais, directrice des Jardins botaniques, nous pénétrons dans la grainetrie du Jardin des plantes, qui se trouve dans le bâtiment des cultures, sur un campus universitaire du Muséum, le campus Buffon, qui est à la fois un lieu historique et un lieu de vie et de travail pour les jardiniers du musée.
C'est un endroit assez rare, un passage obligé dans un jardin botanique pour diffuser des ressources génétiques, des graines et des fruits conservées dans une collection dite de "bibliothèque de graines" et "bibliothèque de fruits carpothèques" avec plein de vieux meubles en bois, dont tous les tiroirs sont remplis de sachets de graines étiquettés avec leurs dates d'introduction. Ces graines conservées servent pour l'identification, lorsque des allergies se déclarent face à certaines graines suite à des voyages dans des pays lointains. Autant de graines spectaculaires qui racontent des histoires et des échanges entre régions du monde.
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