Quand vous dormez, vous êtes désengagé·e du monde extérieur, vous ne réagissez plus ou peu aux stimuli qui vous sont envoyés. Cette déconnexion est une pause salutaire qui permet de mettre à distance les problèmes du quotidien. Mais surtout, elle entretient votre bien-être, sans interférence du monde extérieur.
Réguler le flux d’informations reçues
En phase d’éveil, votre cerveau reçoit un flux d'informations intense et continu : une odeur de croissant, un nouveau pas de danse, une discussion avec vos collègues, une émission de télé, etc.
Toutes ces expériences du quotidien sont des apprentissages qui font travailler votre cerveau. Vos différents neurones vont alors créer des connexions. Ces connexions synaptiques vont assurer la transmission d'informations entre les neurones. Toute cette activité est intense et prend de la place dans votre cerveau. Vous risquez alors le surrégime. Pour mettre en pause cette accumulation d'énergie, éviter que le cerveau ne sature et ne perde sa capacité à apprendre, il faut un processus approprié.
Remettre les compteurs à zéro pour mieux apprendre
Le sommeil répond donc à cette nécessité de se déconnecter. Deux chercheurs américains, Chiara Cirelli et Giulio Tononi, ont émis l’hypothèse qu'il permettrait l'homéostasie synaptique, c'est à dire un retour à un niveau stable de connexions synaptiques. Comment ? Pour économiser de l'énergie cérébrale, le sommeil réduit, voire supprime les connexions synaptiques superflues tout en conservant celles qui sont importantes, celles que vous avez besoin de préserver dans votre mémoire.
Augmenter ses capacités physiologiques
Pendant que vous dormez, votre corps et votre cerveau ne chôment pas. Par exemple, le sommeil renforce certaines cellules immunitaires. Il permet de produire de “super agents de sécurité” contre les bactéries et les virus en tout genre. Il aide à produire des anticorps qui vont permettre de vous défendre et booste notamment la réponse aux vaccins.
C'est aussi pendant votre sommeil qu'est sécrétée l'hormone de croissance. Comme son nom l’indique, elle aide à grandir mais également à réparer les cellules des tissus endommagés.
Le sommeil a donc une fonction restauratrice : c'est pour cela qu'il augmente dans les situations de stress. Que ce soit après une infection, un effort physique intense, pendant des périodes particulières comme la grossesse, ou l'enfance, quand vous avez besoin de grandir.
Un podcast en 6 épisodes produit par Delphine Oudiette, réalisé par Charlotte Roux.
Bibliographie
- Mathew Walker, Pourquoi nous dormons, Pocket
- Article sur le paradigme local/global (bip bip bop): Tristan A Bekinschtein 1, Stanislas Dehaene, Benjamin Rohaut, François Tadel, Laurent Cohen, Lionel Naccache, “Neural signature of the conscious processing of auditory regularities” PNAS 2009.
- Article montrant que l’on perd conscience de l’irrégularité globale pendant le sommeil : Melanie Strauss, Jacobo D Sitt , Jean-Remi King, Maxime Elbaz, Leila Azizi, Marco Buiatti, Lionel Naccache, Virginie van Wassenhove, Stanislas Dehaene, “Disruption of hierarchical predictive coding during sleep”. Proc Natl Acad Sci U S A . 2015;112(11):E1353-62.
- Revue sur les différentes dimensions du sommeil : Thomas Andrillon, Delphine Oudiette, “What is sleep exactly? Global and local modulations of sleep oscillations all around the clock”. Neurosci Biobehav Rev 2023
- Théorie de l’homéostasie synaptique : Giulio Tononi and Chiara Cirelli, “Sleep and the Price of Plasticity: From Synaptic and Cellular Homeostasis to Memory Consolidation and Integration”, Neuron 2014
- Revue sur le système glymphatique et sommeil : Pearlynne L H Chong , Dea Garic, Mark D Shen , Iben Lundgaard3, Amy J Schwichtenberg, “Sleep, cerebrospinal fluid, and the glymphatic system: A systematic review”, Sleep Med Rev 2022
- Livre sur le sommeil et ses fonctions : Isabelle Arnulf, Delphine Oudiette, Comment dormons-nous ? Le Pommier, collection Petites pommes du savoir