Syracuse

La première fois qu’Anne Jouan entend parler de “maltraitance des morts” au sein du centre de don des corps Paris-Descartes, c’est en 2014. Mais la source qui l’alerte alors se met ensuite aux abonnés absents et il faut attendre l’été 2019 pour qu’elle entende un nouvel interlocuteur évoquer qu’il y a là-bas un problème de “maltraitance des morts”.

Cette fois, la journaliste décide d’enquêter sur les conditions de fonctionnement de ce centre, le plus gros centre d’anatomie d’Europe, où sont conservés les corps donnés à la science. À la différence du don d’organes - lesquels sont greffés sur des patients vivants - les corps donnés à la science servent aux cours pratiques d’anatomie et permettent aux jeunes internes de ne pas en rester aux dissections théoriques. Ces corps sont théoriquement conservés dans des chambres froides, entretenus par des préparateurs qui les mettent à disposition des médecins et des étudiants.

Anne Jouan le comprend très vite, le principal problème du centre situé au sein de la faculté de médecine de Paris-Descartes concerne la vétusté des lieux, notamment les dysfonctionnements de la chambre froide. La journaliste réussit à obtenir la copie de photos prises à l’intérieur de ces chambres et découvre des images insoutenables : corps pourrissant, démembrés, portant des traces de rongeurs et empilés les uns sur les autres, dans des conditions indignes. La preuve irréfutable des témoignages qu’elle recueille, et qui fournissent la matière d’un premier reportage. Il est publié dans l'hebdomadaire L’Express en novembre 2019.

Un podcast d’Elise Karlin, réalisé par Assia Veber.