Cela faisait trente-trois ans que la France n'avait pas accueilli sur son territoire le Sommet de la Francophonie, évènement qui se déroule tous les deux ans et qui réunit 88 pays. Cette 19ᵉ édition se déroule à la « Cité internationale de la langue française » à Villers-Cotterêts tandis qu'au même moment a lieu du 2 au 6 octobre le Festival de la Francophonie qui permet d'embrasser toute la richesse et la diversité d'approches du Français à travers le monde. Et s'il est fréquent d'entendre dire que la langue française serait en déclin, quelques chiffres viennent tordre le cou à cette idée : le français est parlé sur cinq continents par 320 millions de personnes tandis que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) compte 54 pays membres.
Anne Abeillé, linguiste et professeur à l'Université de Paris, co-auteure chez Gallimard du Tracts (N°49) - Le français va très bien, merci, explique ainsi que "le nombre de locuteurs va augmenter avec la démographie des pays d'Afrique. Aussi, il n'a jamais été autant écrit grâce notamment à Internet, aux mails, aux téléphones… tout le monde s'est mis à écrire en français, ce qui était vraiment loin d'être le cas au XIXe ou même au XXᵉ siècle où on écrivait que quelques lettres. Le français se diffuse et c'est une langue qui est aussi très présente sur internet, (...) Le français est en contact avec d'autres langues depuis toujours. Même en France, on a toujours parlé plusieurs langues. Ces contacts de langues font une des richesses du français qui empruntent des mots."
Ce 19ᵉ sommet, imminemment politique, ne doit pas faire oublier le cœur de la francophonie, à savoir la langue parlée et vécue par des gens du monde entier, comme le rappelle l'écrivain et musicien Wilfried N’Sondé : "Je pense qu'il faut faire simple. Être francophone, c'est parler le français. Quel que soit le pays où on vit, la nationalité qu'est la nôtre. On est francophone dès l'instant où on parle français, et cela qu'on soit français, canadien, chinois, camerounais..."
Un propos qui va dans le même sens que celui de l'artiste conteuse burkinabé Hanna Samira Moumoula, médaillée d'or au IXe Jeux de la Francophonie. Pour elle, parler français ne dénature pas la culture des pays francophones : "la langue française représente le fait qu'on arrive quand même à véhiculer des messages en rapport avec notre culture, mais dans une langue que tout le monde comprend. Donc il faut dire que malgré le fait qu'on parle le français, ça ne dénature pas ou en tout cas ça ne biaise aucunement le message qu'on a envie de passer au public. Voilà pourquoi souvent, je dis que je raconte des contes futiles et des contes utiles à la fois, parce que ça permet de montrer ma culture, mais dans la langue que tout le monde comprend."
