Syracuse

L'historienne, Nicole Bacharan vient d'écrire "La plus résistante de toutes" (Stock). Un livre consacré à sa mère, Ginette Guy, résistante pendant la Seconde Guerre mondiale. 18 ans en 1942. "Je me suis aperçue que j'étais la dernière à connaître cette histoire, puisque les témoins directs sont partis, et j'ai voulu la transmettre", assure Nicole Bacharan.

Ginette Guy travaille chez un fourreur à Toulouse en 1942, alors encore en zone libre, lorsqu'elle tombe amoureuse de Jean Oberman. Il est juif et c'est d'abord par amour qu'elle va résister aux lois de Vichy et aux Allemands. "C'est par amour qu'elle va ouvrir les yeux", assure l'auteure. "Elle assiste aux menaces, aux brimades, aux premières déportations, aux premières rafles. Elle voit également les dangers qui pèsent sur les enfants. Elle va aider à cacher dans un couvent le petit frère, la petite sœur de son amoureux et c'est effectivement sa première ouverture sur ce monde extrêmement sombre de l'antisémitisme et de l'Occupation", raconte Nicole Bacharan.

Une longue enquête historique

Elle va devenir Marie-Claude dans la Résistance, son nom de code. Elle va prendre de vrais risques. A tel point que quand elle est arrêtée à l'été 1944, à Marseille, le chef de la Gestapo écrira dans ses dossiers, "elle est la plus résistante de toutes". Nicole Bacharan raconte son choc quand elle a découvert ces mots. Ce livre est le fruit d'une longue enquête. "Je ne m'attendais pas à trouver autant d'éléments sur une jeune femme, restée anonyme et qui est dans les dossiers de la police et de la Gestapo", assure Nicole Bacharan. Ginette Guy va être battue et torturée. Des violences qu'elle ne racontera pas à ses enfants.

"Je suis fascinée par la capacité que j'ai eue à ne pas voir", assure Nicole Bacharan. "En travaillant sur ce livre, je me suis aperçue que la génération qui a souffert n'a rien raconté et que les enfants n'ont rien demandé. Je pense que là il y a un phénomène psychologique de déni extrêmement fort, qui est un mode de survie et ce n'est qu'il y a trois ans, en découvrant les archives, que j'ai accepté de voir en face ce qui s'était passé", poursuit-elle.

Nicole Bacharan fait le parallèle entre l'histoire de sa mère et la situation des pays en guerre actuellement. "Ce livre c'est une manière de dire : chacun, à la place où il est, peut faire quelque chose", assure-elle.