Invité de France Inter ce mercredi matin, le PDG du Stellantis s'est félicité des résultats record du groupe au 1er semestre 2023, avec un chiffre d'affaires en hausse de 12% (98,4 milliards d'euros). "Les résultats sont réconfortants par rapport aux efforts des employés de l'entreprise", assure Carlos Tavares. "Notre plan stratégique produit des résultats records. Je veux surtout remercier les employés de Stellantis, qui sont à la tâche. Tout ne va pas bien, il y a beaucoup de choses que nous ne faisons pas encore parfaitement, mais les résultats sont là."
"Mon salaire est variable à 90 %"
Un succès qui peut rapporter gros au PDG du groupe, jusqu'à 23 millions d'euros de rémunération à la fin de l'année : "Nous ne manquerons pas d'observateurs pour porter un jugement là-dessus... Mon salaire est variable à 90 %, indexé sur les résultats de l'entreprise, donc si l'entreprise va bien, le salaire de son dirigeant ira bien aussi, mais c'est la conséquence de ce qui a été décidé par le conseil d'administration. Chacun est libre, dans le monde occidental, d'avoir un avis sur la question, et de s'exprimer : les entreprises sont régies par des règles, très strictes. Si la société veut modifier ces règles, il existe un processus démocratique qui passe par le Parlement."
Les sous-traitants automobiles estiment de leur côté qu'ils ne voient pas assez le ruissellement de ces bons résultats de Stellantis. "Depuis 25 ans, les constructeurs automobiles ont permis à l'ensemble de nos fournisseurs de prendre une part très importante de valeur ajoutée. Aujourd'hui, ce qui leur est confié représente 85 % du coût de fabrication de nos automobiles", rappelle Carlos Tavares. "Nos fournisseurs en ont largement bénéficié depuis 25 ou 30 ans ! Ils ont pu rémunérer leurs actionnaires et leurs salariés grâce à l'activité que nous leur avons confiée. Nous rentrons dans une période difficile pour nous tous : l'absorption du coût de l'électrification, un excédent de l'ordre 40 %."
Carlos Tavares explique en effet que "nos ventes de véhicules électriques ont crû au premier semestre de 24 %, essentiellement sur la base de nos ventes en Europe". "Nous vendons beaucoup de véhicules électriques très compétitifs. Il peut y avoir ensuite un débat de société sur ce que cela représente comme coût pour l'ensemble des citoyens européens."
"Faire face à l'invasion" des constructeurs chinois
Le secteur automobile a bénéficié d'un soutien régulier de l'État ces dernières années, mais Carlos Tavares estime qu'évoquer un "retour d'ascenseur" des entreprises relève d'une "dimension un peu romantique de l'industrie". "Il faut bien se rendre compte que ce qui est en train de se passer dans l'industrie automobile mondiale et européenne est d'une brutalité extrême. Il est normal que dans son contexte, je cherche à protéger mes salariés, et le consommateur français en lui offrant quelque chose d'abordable et pérenne. Notre réponse, c'est 12 véhicules électriques fabriqués en France, une usine de fabrication de batteries et une de moteurs électriques, tout ça sur le sol français."
Comment faire face à la concurrence chinoise dans ce domaine ? "La première chose à faire, c'est de mettre en avant notre technologie", assure le PDG de Stellantis, qui évoque l'arrivée de véhicules avec 700km d'autonomie. "La deuxième chose à faire, c'est de ne pas être dogmatique : si nous avons à faire face à des constructeurs qui ont un avantage coût de 25 %, l'une des manières de lutter, c'est d'utiliser les mêmes armes qu'eux, donc ne pas hésiter à utiliser des partenariats stratégiques, y compris en Europe, pour obtenir des coûts plus compétitifs et pouvoir faire face à cette invasion. Dans tous les cas, si on ne s'en donne pas les moyens, d'une manière ou d'une autre la société européenne en pâtira."