Il y a un problème morale qui hante les sociétés démocratiques de façon concrète, c'est l'envie. Mais il faut en ajouter un deuxième qu'on oublie souvent : celui de l'avidité. Commençons par l'envie. Pourquoi l'envie, la jalousie, est-elle exacerbée par la démocratie ? Supposons que l'envie soit une passion naturelle et dévorante en elle-même, analogue à la jalousie, qui résulte des différences concrètes entre les êtres humains, de la répartition inégale des biens et des pouvoirs entre les êtres humains.
Combien ne devient-elle pas plus dévorante encore quand elle est soutenue par un principe politique légitime : l'égalité. L'égalité proclamée par les démocraties vient être contredite par les différences de moyens. L'envie devient alors un principe d'injustice fondamentale, qui peut trouver sa légitimité et sa force de destruction dans la revendication de justice elle-même. C'est pourquoi beaucoup de philosophes des passions ont jugé que l'envie était au coeur des sociétés démocratiques, et qu'il fallait arriver à y répondre, par une égalité concrète.
Quelles règles peuvent lutter contre l'envie et l'avidité ?
Mais avant d'y répondre, encore faut-il ne pas oublier une autre passion fondamentalement destructrice, c'est la passion inverse de l'avidité. Cette passion pousse à la domination, à la supériorité économique et politique des uns par rapport aux autres, jusqu'à une extrémité. Cette avidité pousse à l'accumulation sans fin des biens et de pouvoirs des uns par rapport et contre les autres. Il ne donc jamais séparer ces deux combats : lutter contre l'envie, c'est aussi lutter contre l'avidité, par des règles qui vont limiter les inégalités. (...)
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