Syracuse

Peu de choses sont plus agaçantes qu'une personne qui vous reprend sur votre manière de parler.
On ne dit pas "après que + subjonctif" MAIS "+ indicatif".
On ne dit pas "la lettre que j'ai écrit" MAIS "la lettre que j'ai écritE".
En même temps, quand on a l'impression de connaître une règle de grammaire, qu'est-ce qu'on est fier alors, qu'est-ce qu'on qu'on a besoin de le dire, et de le redire.
Pourtant, qu'est-ce que ça change vraiment de connaître l'existence du COD et de l'accord du participe passé ? Pourquoi ça compte de montrer que l'on sait bien parler ?

Haro sur le "ne + pas" !

“Aujourd’hui on n'a plus besoin d’ajouter le ‘ne’ au ‘pas’ pour exprimer la négation. Dire : ‘je ne peux pas te voir ce soir’ n’est pas plus correct que de dire : ‘je peux pas te voir ce soir’. Le 'ne + pas' correspond à une règle désuète, qui se rapprocherait plus d’un conseil de goût, comme le fait de mettre une cravate.
Mais la notion de faute est très culpabilisante, on intériorise le fait que notre manière de parler est mauvaise, injuste, alors qu’elle est parfaitement cohérente avec les règles de grammaire française.” Anne Abeillé

Des règles de grammaire inutiles ?

“Dans la langue, il y a des règles fondamentales de grammaire qui doivent être respectées. La langue n’est pas qu’une histoire d’intercompréhension mais bien de système grammatical. Mais perdurent des discours normatifs qui ne correspondent pas à des utilisations courantes de la langue. Se pose donc la question de l’utilité de certaines règles de grammaire… A-t-on vraiment besoin d’inverser le pronom et le verbe dans le cadre d’une question ? ‘Tu vas où ?’ est tout aussi clair que ‘Où vas-tu ?’ Certains puristes invoquent un argument esthétique : ‘C’est plus beau !’ ou rigoriste : ‘Il faut faire un effort !’ mais ces derniers ne veulent pas dire grand-chose…” Anne Abeillé

Sons diffusés :

• Extrait du film Topaze, de Marcel Pagnol, 1951
• Chanson de Renaud, Dès que le vent soufflera
• Extrait de la pièce de théâtre Les Femmes Savantes de Molière (1672), à la Comédie-Française en 1987, scène 6, acte 2
• Chanson d'Oxmo Puccino, Peuvent pas
• Lecture par Annie Ernaux de son roman Les Années, publié en 2008
• Chanson de fin : Eric Virgal, Aller apprend parler français

Bibliographie :

• Sous la direction de Anne Abeillé et Danièle Godard, en collaboration avec Annie Delaveau et Antoine Gautier : La grande grammaire du français, co-éditions Actes Sud et Imprimerie nationale