Jeune adulte, Arno reste souvent silencieux, risquant parfois une parole qui sort dans un long bégaiement… avant de quitter les lieux, parfois, sans explication. A Ostende (Belgique) où il travaille dans des restaurants pour subsister, il mène une vie de bohème avec ses copains, matelas au sol, vêtements éparpillés et disques qui traînent. Sur les bords de la mer du Nord où il promène sa silhouette voûtée, ses cheveux longs et son grand manteau militaire, les gens le trouvent étrange, en décalage. Lui résumera plus tard simplement : « Je ne veux pas être grand » (Arno, « A la française », 1995).
Pour oser un pied dans le réel, le voilà qui se risque à la musique, avec un simple harmonica et une voix rocailleuse que tout le monde, au départ, juge impossible. D’abord au sein d’un groupe (Freckle Face, Tjens Couter, TC Matic) puis en solo, il mêle les styles et les langues, l’absurde et le plus grave… Ses textes racontent la vie par le petit bout des gens : leurs manies, leurs tracas et leurs complexes. « Je suis comme un vampire. Sans les gens, je ne peux pas faire des chansons. Parce que tous les trucs que j’écris, ça ne vient pas de moi, ça vient des gens, de leurs bêtises. » (A voix Nue, France Culture, 2009)
L’ivresse c’est dans les concerts qu’il la trouve – « Moi je fais des disques pour faire des concerts. Et quand je fais des concerts, je veux avoir l’odeur des gens, tout le bazar… Et c’est pour ça que je vis encore. Le jour où je ne peux plus faire de la scène, je suis un cadavre ou un zombie. La musique c’est ma drogue et c’est tout. » (A voix Nue, France Culture, 2009) D’ailleurs, les concerts il les enchaîne avec une folle frénésie et ne retourne en studio – où les « chipotages » de production l’ennuient – que pour mieux repartir sur la route avec un nouvel album.
Bête de scène et chouchou des journalistes qui guettent la moindre de ses sorties abracadabrantesques dans un fouillis de français, d’anglais et d’ostendais, il réinvente mille fois les anecdotes de sa vie, réécrit la réalité des gens et des choses comme bon lui semble. Pour faire rire, séduire, se protéger aussi. Mystérieux Arno « charlatan » (album de 1988), pudique et timide, au bazar enchanteur et résolument libre.
Remerciements
Merci à Serge Feys, claviériste - Cyril Prieur, manager - Pascal Poissonnier, réalisateur - Marc Dixon, réalisateur - Jan Bucquoy, réalisateur.
Bibliographie et filmographie sélectives
Bibliographie sélective
Filmographie sélective
Archives Ina
Extraits diffusés :
Arno, À Voix Nue (France Culture, 2009) par Catherine Pont-Humbert, réalisation Nathalie Salles.
Arno : Quand je pense, je pense que je pense, dans Par les temps qui courent (France Culture, 2019), de Marie Richeux, réalisé par Lise-Marie Barré.
Musique
Par Arno : Ostend dub de l'album Future Vintage (Naïve) - Les filles du bord de mer (instrumental) de l'album Idiots Savant (Delabel) - Miss Nell (Instrumental) de l'album Arno (Virgin) - Chic et pas cher de l'album French Bazaar (Delabel) - Putain Putain de l'album Arno en concert à la française (Debe) - Lola etc de l'album Live in Brussels (Debe) - Elle adore le noir de l'album Live at the jet (Delabel) - Une chanson absurde de l'album Human Incognito (Naïve) - Je ne veux pas être grand de l'album À la française (Delabel) - Les yeux de ma mère de l'album Arno en concert à la française (Debe) - Court-circuit dans mon esprit de l'album Santeboutique (Naïve) - Le téléphone pleure with Alice on the roof de l'album Les Duettes (Pias le Label) - Oostende bonsoir de l'album Santeboutique (Naïve)
Autres : Blues de Big Bill Broonzy & Sonny Terry - Honey Bee de Tjens Couter - Trouble in mind de Freckelface - Mary de Freckelface - Oh la la la de TC MATIC - Like a rolling stone de Bob Dylan.
Générique
Un documentaire de Karine Le Loët, réalisé par Clémence Gross. Prises de son, Alexandre Abergel. Mixage, Dhofar Guérid. Coordination, Christine Bernard et Anaïs Kien. Attachée de production et page web, Sylvia Favre-Steyaert.