Avant-propos de Charles Pépin
Je voudrais vous raconter l’histoire de la lumière, ou plutôt, l’histoire d’un homme. Un homme qui a grandi au pays des mornes plaines et qui n’a pas eu le choix : puisque la plaine ne change pas, que seule la lumière change, il a fallu apprendre à voir, à ouvrir grand ses yeux, sa sensibilité, à se laisser impressionner par l’éclat du ciel sur la plaine pour que de chaque impression, puisse naître une chanson. Mais n’allons pas trop vite. Revenons à la lumière, revenons à la beauté. Mettre une chose en lumière, c’est en montrer la beauté, la singularité. C’est la faire surgir devant nos yeux, l’arracher à cette uniformité du paysage qui ne ressemble à rien parce qu’il ressemble à tous les autres. Si le monde était beau, nous l’avons gâché.
C’est l’histoire d’un homme qui ne se résout pas au gâchis de ces enseignes rouges et de ces parkings bondés
L’histoire d’un homme qui marche vers les lueurs, sa fragilité en bandoulière. Rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté, rendez-nous ces lueurs qui sont comme des promesses, comme des apparitions. La beauté n’est pas qu’apparence, elle est aussi apparition. C’est l’histoire d’un homme qui s’y connait, en apparitions. Le premier chanteur qui l’a marqué, ce fut comme une apparition. L’album de Bashung L’imprudence, en 2002, ce fut comme une apparition. Cet ami au lycée, Vincent, ce fut comme une apparition. Encore faut-il avoir les yeux ouverts. Et prendre sa guitare pour accueillir ce qui vient. Accepter ce qu’on comprend, accepter également ce que l’on n’avait pas compris, accepter enfin ce que l’on ne comprend toujours pas. Le mystère qui demeure.
Finalement, c’est lui que toute beauté met en lumière
Rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté, arrêtez de nous faire croire que le monde se réduit à une succession d’entrepôts et de bretelles d’autoroutes, que le monde se réduit à ce que vous en faites en le rationalisant, le mesurant, le calculant, le quantifiant. C’est l’histoire d’un homme qui nous apprend à nous laisser traverser, traverser par la beauté, par la lumière, par les lueurs.
Pour parler de cet homme et de sa demande, rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté, j’ai la joie de recevoir ce matin quelqu’un qui lui ressemble beaucoup, Dominique A, Dominique A le chanteur, auteur compositeur poète et écrivain qui nous enchante depuis maintenant 30 ans, et nous a rejoint sous le soleil de Platon, bien au chaud dans la caverne de France Inter, pour nous aider à répondre à cette difficile question : et si on nous rendait la beauté ?"
Dominique A vient nous voir pour son nouvel album Le Monde réel qui sort le 16 septembre prochain. Un premier single “Nouvelles du monde lointain” est sorti le 9 juin. Il sera en concert à Clermont-Ferrand le 11 novembre, à Lille le 26 novembre et à L’Olympia le 26 janvier.
