L'épisode s'ouvre sur une lecture d' Un amour de Swann par Lou Doillon.
Stéphane Manel est dessinateur. Avec Corinne Maier, il publie Monsieur Proust aux éditions Seghers, roman graphique adapté des souvenirs de Céleste Albaret. Sa longue fréquentation de l'œuvre de Proust se traduit par de nombreuses illustrations à retrouver dans le dossier Proust des Inrocks.
"Sa madeleine est la mienne" confie le dessinateur. Et pour cause il a passé une grande partie de ses vacances d'enfant chez sa grand-mère à quelques kilomètre de Commercy, la patrie des madeleines : "Et quand j'en goûte encore une aujourd'hui, c'est très étrange parce que c'est ces été là qui me reviennent. C'est l'enfance. Donc c'est ma madeleine et c'est la Madeleine, c'est complètement fou."
Dans Monsieur Proust, Stéphane Manel a dessiné un Proust très jeune. Il a des traits fins, il est délicat. Il a l'air très fragile, très mince, presque maigre : "On se dessine, je pense toujours un peu quand on dessine, même quand on fait le portrait de quelqu'un, que ce soit une femme, un homme, un enfant. On met de soi. Peut être qu'il y a un peu de moi dans cet tête de Marcel, même dans Céleste."
On sait que Proust se nourrissait peu. Une sole qu'"il ne terminait pas, de la bière, jamais de vin : "A t il été bon vivant avant ? C'est ça la question. Parce que finalement, là, ce qu'on a de Proust, c'est un peu ce qui ne sort plus. C'est quelqu'un qui est reclus."
On sait aussi qu'il buvait du café, beaucoup de café. Et à ce sujet, le dessinateur a mené l'enquête : "Il fallait que ce soit du café qui vienne de chez la maison Corcellet faite avec la cafetière Corcellet. Il y avait tout un rituel extrêmement précis et il lui renvoyait à la figure si la préparation était mauvaise. C'est peut être le seul truc avec les courants d'air sur lequel il était complètement obsessif. Je pense que c'était un cinglé relativement facile à vivre, en fait. C'est une douce folie. Je ne pense pas qu'il était méchant. Je pense qu'il est un peu incisif avec elle. Mais comme comme un vieux couple, comme on l'est presque avec les gens de sa famille, où on peut se permettre de ne pas se retenir. Moi, je sais que ce qui m'a paru fou, c'est pourquoi cette femme est arrivée aussi à accepter très vite cette espèce de discipline. Il fallait bien qu'il soit très attachant pour que elle y reste."
Aller + loin
Jusqu'au 18 décembre 2022, exposition La Fugitive au CRÉDAC (Ivry).
Jusqu'au 22 janvier 2023, exposition Marcel Proust, la fabrique de l'œuvre à la Bibliothèque nationale de France.
Musiques :
- "Les bourgeois" - Jacques Brel
- "Rest" - Charlotte Gainsbourg
- "Miel" - November Ultra
Générique : "Veridis Quo" - Daft Punk
