Bien sûr, tout le monde a entendu cette chanson au moins une fois dans sa vie : dans un film, dans une pub, «Be My Baby » est un de ces classiques increvables dont on a l’impression qu’il ne disparaîtra jamais. Impossible. Oui, bien sûr, on ne connaît que ça mais sans connaître forcément celle qui interprétait cette chanson.
Elle s’appelait Veronica Bennett et sous le nom de Ronnie Spector, elle fut la chanteuse principale d’un trio vocal new-yorkais du nom des Ronettes. Qui a changé la face du rock’n’roll et sans lequel ni les Beatles ni les Stones, je vous dirai pourquoi, n’auraient été tout à fait les mêmes. Ronnie Spector s’est éteinte il y a une semaine et les hommages pleuvent de partout. C’était une des voix les plus mémorables, les plus attachantes de la période qui a suivi les débuts du rock’n’roll. Bruce Springsteen la vénérait, il l’avait bien des fois fait monter sur scène à ses côtés.
Et sans cette chanson, Be My Baby, sans cette voix et cette musique, eh bien les Beach Boys seraient demeurés un sympathique groupe vocal de rock’n’roll enfantin. La voix de Ronnie Spector, la puissance de cette chanson, « Be My Baby » publiée en 1963, et de son orchestration a ouvert la porte de tous les possibles à leur compositeur, Brian Wilson. Dans sa glorieuse jeunesse, Ronnie Spector fut la femme de Phil Spector.
Oui, Spector, l’homme qui fut sans doute, même sûrement, le premier visionnaire de l’histoire d’une musique populaire exclusivement destinée aux gamins, aux très jeunes, pré-pubères, pubères, jeunes adolescents. Pour la première fois, vers le début des années soixante, ces très jeunes gens ont commencé à constituer pour l’industrie musicale un marché à part, spécifique, qui allait vite occuper les premiers plans.
Musicien, orchestrateur, visionnaire du son, tyran mégalomane, premier enfant-roi à être devenu millionnaire de l’industrie du disque, Phil Spector est celui qui avait, entre guillemets, fait Ronnie. Et aussi qui l’a défaite, j’aurai bien sûr, au cours de cette émission, l’occasion d’évoquer la vie tragique de cette femme qui fut la prisonnière d’un dément en liberté, auquel on passait tout parce qu’il était génial et prestigieux, et aussi parce que l’argent, parfois, permet tout. Phil Spector, je le rappelle, après une longue vie de roi déchu, sorte de fou s’imaginant encore sur son trône, est mort en prison il y a un an, presque jour pour jour. Il y purgeait une longue peine pour le meurtre. Dans un accès de violence qu’hélas on lui connaissait et que la justice aurait dû prévenir, il avait tiré en 2003 une balle dans la bouche d’une actrice de Los Angeles qu’il avait invitée chez lui.
Ronnie Spector a été de longues années la prisonnière de cet homme, on en avait eu des échos depuis les années soixante-dix, elle l’a raconté en détail dans une autobiographie qui a fait sensation à sa parution en 1990 et qui a fait sensation à sa parution. Ce livre hélas s’appelait, je traduis le titre, il n’est hélas pas disponible dans notre langue, Be My Baby, comment j’ai survécu au mascara, aux minijupes et à la folie, ma vie fabuleuse au sein des Ronettes. Un titre long mais qui résumait parfaitement l’affaire.
Alors je vais essayer de ne pas trop m’appesantir sur les côtés sombres, voire délirants, des malheurs de la vie de Ronnie Spector, même si c’est tentant parce que leur caractère effrayant peut susciter une forme de fascination, parce que la folie, quand on en est le voyeur parfaitement protégé, peut vous attirer malgré vous, comme lorsque votre regard plonge au fond d’un précipice où vous avez la certitude que vous, vous ne sombrerez pas. Je préfère d’abord vous faire entendre et sentir l’élan, la joie explosive et la lumineuse intensité de la voix de Ronnie Spector.
The Ronettes :
« Be My Baby » extrait de la compilation « Be My Baby : The Very Best of the Ronettes »
« Baby, I Love You » extrait de la compilation « Be My Baby : The Very Best of the Ronettes »
« (The Best Part of) Breakin’ Up » extrait de la compilation « The Very Best of the Ronettes »
« So Young » extrait de la compilation « Be My Baby : The Very Best of the Ronettes »
« Walking in the Rain » extrait de la compilation « Be My Baby : The Very Best of the Ronettes »
« I Can Hear Music » extrait de la compilation « Be My Baby : The Very Best of the Ronettes »
« I Wish I Never Saw the Sunshine » extrait de la compilation « Be My Baby : The Very Best of the Ronettes »
Ronnie Spector : « Try Some, Buy Some » extrait de l’album Artistes divers « Come and Get It -The Best of Apple Records »
Southside Johnny & the Asbury Jukes : « You Mean So Much to Me - Live » (featuring Ronnie Spector) extrait de la compilation « The Very Best of Ronnie Spector »
Ronnie Spector :
« I’d Much Better Be with the Girls » extrait de l’album « English Heart »
« You Can’t Put Your Arms Around a Memory » extrait de l’album « The Last of the Rock Stars »
« I’ll Follow the Sun » extrait de l’album « English Heart »
« Bye Bye Baby » extrait de l’album « She Talks to Rainbows »