Une semaine après le début des incendies en Gironde, où en est-on ? Comment aider les sapeurs-pompiers ? Comment à l'avenir mieux prévenir ces feux ? Pierre Hurmic, maire EELV de Bordeaux, Eric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France et Françoise Alriq, directrice adjointe de la Fédération Nationale des Communes Forestières de France étaient les invités de Jérôme Cadet à 8h20 sur France Inter, mardi 19 juillet. Ils font le point sur la situation.
"La maison brûle de plus en plus et certains continuent de regarder ailleurs", estime le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic. Alors que trois incendies en Gironde ont brûlé 19.000 hectares de végétation selon les pompiers et que des températures caniculaires s'abattent en ce moment sur tout le pays, les fumées recouvrent maintenant sa ville de Bordeaux. "Les fumées ne sont qu'un symptôme, ce dont il faut s'inquiéter, c'est la propagation des incendies", estime le maire.
"La situation sur place est toujours extrêmement tendue", commente de son côté Eric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. "Si l'inquiétude se lit sur les visages, elle se trace aussi sur l'ensemble des sapeurs-pompiers. Ils marquent la volonté de vouloir toujours agir malgré cette force de la nature qui joue contre nous. Aujourd'hui nous n'avons pas beaucoup d'alliés si ce n'est les citoyens et l'eau. Mais en face de nous, les températures, les conditions météorologiques et le vent jouent en notre défaveur", détaille-t-il.
Les sapeurs-pompiers face à une "difficulté" inédite
"On n'a jamais vu autant de difficulté à essayer de dompter" une situation, poursuit Eric Brocardi. "Notre stratégie n'a jamais été ébranlée jusqu'à présent par quoi que ce soit : ni le niveau de température ni de sécheresse". Il décrit des "flammes, qui font parfois plus de dix mètres de haut" et un "sous-bois", "particulièrement délicat [à] pénétrer", évènement face auquel les pompiers font preuve d' "humilité".
1.700 pompiers pompiers sont mobilisés sur place et 32.000 évacuations ont déjà été effectuées. "Cette nuit nous avons ressenti très fortement des odeurs en provenance de ces incendies. La ville de Bordeaux se sent très concernée par cette catastrophe écologique, humaine et économique", reprend le maire de Bordeaux Pierre Hurmic, situé à 70 km de la Teste-de-Buch et 40 km de Landiras.
La Ville de Bordeaux prête à accueillir des "réfugiés climatiques"
En Gironde, la solidarité s'organise. "Nous avons mis à disposition notre logistique pour aider ces communes sinistrées. Par exemple, nous avons fourni des lits de camp. La police municipale a aidé hier l'opération de transfert des animaux du Zoo de la Teste. Si nous avons déjà accueilli l'été dernier des réfugiés afghans, nous avons accueilli des réfugiés ukrainiens, je pense qu'on peut accueillir aussi un nouveau type de réfugiés, qu'on peut appeler des réfugiés climatiques", poursuit le maire de Bordeaux.
Pour aider les sapeurs-pompiers à l'heure actuelle, il faut, selon Eric Brocardi, "écouter les autorités lorsque les évacuations sont demandées, si vous souhaitez aller dans cette région, essayer de se dérouter, soulager la tension opérationnelle et n'appeler les sapeurs-pompiers que si besoin". Il rend une nouvelle fois hommage à ces pompiers engagés sur les incendies, dont 80% sont volontaires et ont été "arrachés de leur cocon familial" pour venir en aide aux citoyens.
"90% des feux sont dus à l'activité humaine", rappelle-t-il, ce pourquoi "l'éducation du citoyen face au risque doit être aujourd'hui la base de tout".