Un musée situé sur d’anciennes terres royales
Pour son premier projet architectural en Afrique, Françoise N’Thépé s'est imprégnée des lieux pour construire un bâtiment qui s’inscrit au plus juste dans le paysage. Situé au cœur de la ville d’Abomey, capitale du Bénin, le musée aura une “architecture située”.
“Pour moi, une architecture dite située, c'est une architecture qui répond clairement à son contexte. Je ne peux pas concevoir un projet sans avoir vraiment vécu physiquement un site.” Françoise N'Thépé
En effet, sur cette terre se sont succédés, quatre siècles durant, de nombreux rois. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, ce site a une forte valeur historique et symbolique. Amalgame de plusieurs époques, il est composé de nombreux palais dont Françoise N’Thépé s’est inspirée, sans pour autant tomber dans le mimétisme pur et simple.
“Ce que je trouve intéressant dans ce site, c'est qu'il est presque hors du temps. Ces palais sont entourés de hautes murailles en terre et on est vraiment coupé du monde quand on rentre dans les enceintes des palais. Hors d'échelle aussi. Il y a 47 hectares d'emprise des palais, il y en a beaucoup qui ont disparu aujourd'hui. Mais il y en a quelques-uns qui sont encore existants, qui sont visitables, qui vont être aussi restaurés.” Françoise N'Thépé
Une architecture protectrice des œuvres et du climat
Françoise N’Thépé prend en compte les données météorologiques propres au pays afin qu’il dépense un minimum d’énergie. Préserver le site des changements climatiques et les œuvres de toute altération, tout en retranscrivant l’histoire d’une civilisation, voilà le défi de Françoise N’Thépé. Elle compte pour cela utiliser des savoir-faire locaux et ancestraux.
"La Terre est le matériau idéal car elle a des propriétés thermiques intéressantes. Grâce à l'enveloppe, c'est à dire les murs et la toiture, on arrive à avoir un confort intérieur gérable et géré pour les visiteurs et pour les œuvres qui seront exposées.” Françoise N'Thépé
Cette question d’architecture bioclimatique se pose davantage en Afrique subsaharienne qu’en Europe, ce qui est dû aux différentes contraintes techniques, notamment de préservation, de conservation et de présentation.
“Rien que le fait de venir de l'extérieur à l'intérieur du musée, on a une expérience physique qui n'est pas la même que quand on est en Europe. Il y a une histoire et des symboles qui n'existent pas en Europe.” Françoise N'Thépé
Les œuvres exposées ne seront pas uniquement les 26 rendues par la France, et grâce à cette restitution, les œuvres déjà présentes vont enfin être montrées dans des conditions favorables et connaître une nouvelle grâce.
“Ce projet est une grande opportunité pour que la population béninoise, puis les visiteurs étrangers, puissent avoir accès à ces trésors.” Françoise N'Thépé
