En juin 1964 alors qu'on allait célébrer bientôt le vingtième anniversaire de la Libération, France Culture lançait une grande série consacrée à la Résistance : "1940-1944 : La Résistance, témoignages et documents pour servir l'histoire". Ce programme déployait de multiples thématiques dans une trentaine d'émissions au totale.
Parmi elles, il y avait la série "Géographie de la Résistance" produite par Stanislas Fumet et Harold Portnoy. La Bretagne est la première page de cet atlas géographique sonore de la Résistance. L'idée est de parcourir les régions diverses du pays suivant un dessin circulaire, une ligne spirale, sans obéir forcément, dans ce secteur des émissions, à la chronologie, puisque les régions ne sont pas toutes nées à la Résistance à la même heure.
Stanislas Fumet :
Toutefois comme il nous fallait un point de départ, nous avons pensé qu'il convenait d'accorder la priorité à une province qui détient le numéro 1 dans la réponse à l'appel du général de Gaulle : c'est la Bretagne. Par sa situation entre l'Atlantique et la Manche, elle nous apparait comme une proue. Elle a été la proue de la Résistance Française. N'oublions pas en effet que c'est de l'Île de Sein, que sont partis les premiers patriotes, ces pêcheurs qui se sont embarqué vers l'Angleterre le premier jour.
Le résistant François Flohic , patron de café, marin et pêcheur sur l'Île de Sein raconte sa réaction lorsqu'il a entendu l'appel du 18 juin. Ensuite, on entend la résistante Geneviève de Gaulle-Anthonioz raconter comment elle-même a vécu le moment de l'appel du Général de Gaulle, alors qu'elle était en Bretagne, en juin 40 :
J’étais en Bretagne au moment de l’arrivée des Allemands, mon père y commandait un détachement à Locminé. (…) Nous avons été replié vers le Morbihan. C’est là aussi que nous avons rencontré les premiers Allemands, vainqueurs et sûr d’eux-mêmes. (…) J’ai encore tout à fait présent au cœur et à la mémoire ce sentiment d’humiliation profonde. C’est à ce moment-là aussi, au creux de cette humiliation, que nous avons eu le premier sentiment de résistance.
Elle poursuit :
Du fond de la place est arrivé le curé du village qui se hâtait et qui, tout essoufflé, cherchant à raconter ce qu’il venait d’entendre s’est adressé à mon père et aux officiers qui l’entouraient, en leur disant : Vous savez je viens d’entendre quelque chose d’extraordinaire. Il y a un jeune général qui vient de parler à la radio de Londres et il dit que la guerre n’est pas perdue, il dit qu’il faut continuer la lutte, je jeune général s’appelle… il s’appelle... de Gaulle !"
Dans le second temps de l'émission on peut entendre le premier épisode de la série "Les hommes de juin 40". Le concept de cette série est le suivant : aux hommes et aux femmes qui décidèrent de rejoindre la Résistance, les producteurs, Francis Crémieux et Gilbert-Maurice Duprez, posèrent une série de questions. Où étiez-vous, que faisiez-vous, que pensiez-vous entre le 17 juin 1940 et le 25 juin date de l’entrée en vigueur de l’Armistice ? Et que pensiez-vous dans les semaines qui suivirent ? Pour le premier opus le micro est tendu à Emmanuel d'Astier de la Vigerie, cofondateur du mouvement Libération-Sud et du journal Libération,.
- Par (3) Stanislas Fumet et Harold Portnoy ; (4) Francis Crémieux et Gilbert-Maurice Duprez
- Réalisation : Paul Ventre
- 1940-1944 : La Résistance, témoignages et documents pour servir l'histoire 2/29 : -3 : Géographie de la Résistance La Bretagne, 1ère partie, -4 : Les hommes de juin 40, 1ère partie (1ère diffusion : 08/06/1964)
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