ZAD… Cet acronyme qualifié de « néologisme militant », ne saurait désormais définir une Zone d’Aménagement Différé, mais plutôt une « Zone À Défendre ». À défendre contre la bétonisation, les aménagements, les projets « inutiles » et écocides. Des « Zones À Défendre » comme outil ultime de lutte. Un engagement total, philosophique, intellectuel et physique pour défendre ce qui reste d’un monde en danger d’extinction. « Vivre à la ZAD du Carnet a changé ma vie, politiquement, humainement, socialement, amicalement, amoureusement. Dans mes relations, ça a tout bouleversé, toute ma vision du monde et m’a secoué dans toutes mes convictions, ça a été une énorme claque dans ma vie » raconte Clémence, une jeune zadiste.
Partout collectifs et associations s’organisent en coordinations régionales. En Île-de-France c’était le 13 février 2021, sous le chapiteau de la Parole Errante à Montreuil en Seine-Saint-Denis. Ils étaient des dizaines, venus de toute la région pour raconter leur lutte contre les aménagements du Grand Paris, ceux des Jeux Olympiques de Paris 2024 et s’associer à celle des autres tandis que quelques jours auparavant naissait la première ZAD d’Ile-de-France à Gonesse.
Les ZAD analyse la journaliste Jade Lindgaart, ce sont « des lieux de réinvention, de liens sociaux, d'amitié, de sensibilité. C'est à la fois un peu ténu et difficile d'essayer de matérialiser précisément à quoi servent ces lieux, mais leur imprécision et leur flou, peut-être, font partie de leur richesse. C'est des endroits de possibles disruptions, de possibles ruptures ».
Sur le plateau de Saclay, à Bure, dans les centaines de squats partout en France ou à la ZAD du Carnet dans l’estuaire de la Loire, on invente un nouveau monde, on fait table rase et on entend donner du sens à son existence comme l’explique l’ethnologue Stéphane Tonnelat : « il y a aussi quelque chose de galvanisant pour les citoyens de s'engager dans des mouvements comme ceux-là parce que ça leur donne l'impression qu’ils font quelque chose qui a du sens… C'est une façon d'aligner ses convictions avec ses actions ».
Avec :
Chloé Gerbier, juriste de l’association « Notre affaire à tous »
François Pinatel, avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation
Jade Lindgaart, journaliste à Médiapart et membre du collectif « Des Terre pour Auber »
Clémence, militante et ancienne occupante de la ZAD du Carnet
Sylvain, membre du CPTG
Siamak, membre du CPTG
Stéphane Tonnelat, ethnologue chargé de recherche au CNRS, spécialiste des interstices urbains
Sacha, jeune activiste
Djissi, retraités, il consacre désormais sa vie à ces luttes contre les projets pharaonique du Grand Paris et ceux des JO de Paris 2024
Jean-Pierre Blazy, maire PS de Gonesse
Alice Le Roy, enseignante en communication et écologie urbaine
Un documentaire d’Alain Lewkowicz, assisté de Philippine Rouvière-Flamand, réalisé par Marie-Laure Ciboulet.
Liens
- Abécédaire : barricades de mots pour la ZAD. Vidéos des intervenants répondant à l’appel du Taslu, bibliothèque de la ZAD. A voir YouTube.
- La forêt de Fontainebleau, première ZAD du monde. Article publié dans We demain, avril 2021.
- ZAD : sortons de l’impasse ! Dossier proposé par la Gazette des communes, janvier 2018.
- Tour de France des Zad : Roybon, Kolbsheim et Notre-Dame des Landes. Reportages à lire dans Reporterre, 2018.
- Les « ZAD » et leurs mondes : les sciences sociales contre les caricatures. Article de Stéphanie Dechézelles, maîtresse de conférences en Science politique, Sciences Po Aix, publié dans The Conversation, février 2018.
- Carte interactive des grands projets inutiles imposés.
Partenariat
LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk, la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 04/10/2021 le film Qui est là ? Souad Ketanni (54’)