La visite d'Emmanuel Macron aux Etats-Unis et le plan banlieues : c'est le programme de l'Esprit public ce jour. Avec Monique Canto Sperber, philosophe, Sylvie Kauffmann, journaliste au Monde, Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande et Thierry Pech, directeur général de Terra nova.
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Première partie. Diplomatie : les pas de deux règlent-ils les problèmes du monde ?
Ils se sont donné la main, ils se sont embrassés, ils ont multiplié les accolades, Donald a même paternellement épousseté le costume d’« Emmanouel ». Ensemble ils ont aussi jardiné, plantant sous les fenêtres du bureau ovale un jeune chêne du nord de la France, un arbre du Bois Belleau, où les Américains se sont battus lors de la Première Guerre mondiale : les deux chefs d'Etats en ont fait beaucoup pour souligner la solidité de l’amitié qui lie nos deux pays. Mise en scène réussie d’une relation bilatérale pleine d’affects dont la diplomatie française rêve qu’elle soit le prélude d’un changement de ligne américain, notamment sur un dossier-clé : celui du nucléaire iranien, et de la remise en cause possible, le 12 mai prochain, par Donald Trump d’un accord vital pour la paix du monde. Un texte conclu en 2015 par…. non pas deux mais plusieurs pays, c’est-à-dire dans un cadre multilatéral : l’Iran, bien sûr, et le groupe des 5+1 : Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie, tous membres du Conseil de Sécurité + l’Allemagne. Angela Merkel quant à elle, n'a eu droit, de la part du président américain, qu’à une visite de travail... et un vent glacé se dégage des photos prises sur le perron de la Maison Blanche. En feuilletant le livre d'images de la semaine diplomatique (auquel il faut ajouter les clichés de Kim Jong-un et Moon Jae-in main dans la main au Musée de la paix de Panmunjeom situé à la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, dans la zone démilitarisée), on s'interroge sur la capacité réelle de cette diplomatie du « hug » à régler les problèmes du monde.
Seconde partie. Banlieues : la boîte à idées est-elle inopérante ?
En 2018, la France compte 1500 Quartiers prioritaires de la ville (QPV) dont 200 seraient au bord du gouffre, 60 dans la fracture, et 15 auraient déjà basculé dans l’affrontement. Tel est en tout cas le diagnostic posé par le docteur Borloo dans son rapport remis cette semaine au Premier ministre. De la consultation des nombreux acteurs des quartiers est né un catalogue de propositions réunies en 19 "programmes" parmi lesquelles la création d’une « Académie des leaders », sorte d’ENA des banlieues, de « Maisons Marianne » pour les femmes qui s’impliquent dans la vie locale, de campus numériques ou encore la formation de coachs d’insertion pour favoriser le dépassement de soi à travers le sport. Avec ce rapport, Jean-Louis Borloo, ancien ministre de la Ville, cultive sa réputation de bulldozer des causes perdues. C'était lui déjà, l’homme qui sauva Valenciennes dans les années 90 puis prit les rênes de la rénovation urbaine au début des années 2000, l'homme qui parvint à agréger des milliards d’euros pour réhabiliter les quartiers, tout cela pour que quinze ans plus tard à peine on entende encore le même discours sur les banlieues. Comme si on ne trouvait jamais le bon mode d’emploi, comme si la boîte à idées pour les banlieues se révélait toujours inopérante...
