Un documentaire d'Olivier Chaumelle. Réalisation : François Teste. Prise de son : Jérémy Tuil, Anthony Thomasson et Stéphane Casalonga. Archives INA : Amélie Briand-Le Jeune et Sandra Escamez
Textes d’Eugène Weidmann et de Renée Jardin lus par Nathalie Duong
Aux beaux jours de 1937 se tient à Paris une Exposition Universelle qui ne sera pas vraiment un succès : la situation internationale et le contexte économique ne sont pas favorables. Néanmoins, la ville-lumière resplendit et attire des foules de touristes étrangers aux portefeuilles bien garnis.
1er épisode : l’affaire Weidmann
C’est ce fonds de commerce que souhaitent exploiter Eugène Weidmann, ressortissant allemand, et ses complices français, Blanc et Million, rencontrés en prison à Francfort. Weidmann a de belles manières, de la conversation, une grande faculté de conviction, un regard enjôleur, un charme fou. Les victimes sont attirées dans la villa que le trio loue à La Celle-Saint-Cloud ou dans un endroit désert, où elles sont assassinées par Weidmann et Million, et enterrées sur place. De juillet à novembre 1937, deux femmes et quatre hommes sont supprimés pour des butins dérisoires. Weidmann est arrêté en décembre. Certains d’être retrouvés, ses complices se livrent rapidement à la police.
2nd épisode : on guillotinera désormais à l’abri des regards
"Je pensais défendre un monstre ; j'ai rencontré un gentleman". Maître Renée JARDIN
Eugène Weidmann et ses acolytes comparaissent en mars 1939 devant la cour d’assises de la Seine-et-Oise, à Versailles. C’est un grand procès, très spectaculaire et très couru. Weidmann est défendu par le grand Moro-Giafferri, mais ça ne suffira pas : Million et lui sont condamnés à la peine capitale. Le 16 juin 1939, Albert Lebrun, président de la République, signe la grâce de Million mais pas celle de Weidmann, qui est l’auteur principal des six assassinats. On prépare l’exécution pour le lendemain matin. Les bois de justice sont montés la nuit même devant le porche de la prison Saint-Pierre à Versailles, aussi “discrètement” que possible. Bizarrement, une erreur grossière est commise sur l’heure du lever du soleil. En principe, on tranche la tête des condamnés juste avant l’aurore. Mais là, il fait déjà grand jour quand on réveille Weidmann. La police peine à contenir une foule compacte, qui se masse à quelques mètres seulement de la guillotine. Les conditions de lumière permettent la prise de nombreux clichés photographiques et même d’un film. La foule est hystérique, le désordre est total. Scandalisé, Daladier signe la semaine suivante le décret-loi qui met fin aux exécutions publiques. Cette pratique archaïque avait beaucoup d’adeptes fanatiques, mais bien peu le caractère dissuasif qu’on lui prêtait. On continuera pendant quarante ans à couper des têtes, mais dans le secret de la prison.
Avec :
- Anne Carol, historienne
- Sylvain Larue, écrivain
- Nicolas Picard, historien
- Emmanuel Taïeb, politiste
- Dominique Lanzalavi, documentariste et écrivain
Bibliographie :