En 2015, "Une vie, une oeuvre" propose un portrait de la résistante Geneviève de Gaulle-Anthonioz, l'année où elle fit son entrée au Panthéon, douze ans après sa mort. Geneviève de Gaulle née en 1920, morte en 2002, a été une résistante puis une militante des droits de l'homme et de la lutte contre la pauvreté. Nièce du général de Gaulle, elle entre en résistante sous l'Occupation au sein du Groupe du musée de l'Homme puis du réseau Défense de la France. Elle est arrêtée par la gestapo puis déportée en février 1944 dans le camp de Ravensbrück. Libérée en 1945, elle devient, après la guerre, une ardente militante contre la pauvreté, notamment en tant que présidente de l'antenne française d'ATD Quart Monde de 1964 à 1998.
Ce documentaire radiophonique propose plusieurs extraits d'entretiens issus d'archives de Geneviève de Gaulle-Anthonioz. On écoute sa voix, une voix qui à elle seule résume le personnage : discrète, fragile, presque abîmée, sans un mot plus haut que l’autre, mais qui révèle une force, une volonté et une espérance inaltérables. C’est donc à partir d’archives sonores, d’elle mais aussi d’André Malraux ou du Père Joseph Wresinski qu’est construit ce portrait.
A la voix de Geneviève de Gaulle-Anthonioz se mêlent celles de ses proches : Anise Postel-Vinay, comme elle résistante puis déportée à Ravensbrück où se forgea une amitié éternelle, celle de Paul Bouchet, qui lui succéda à la tête d’ATD Quart Monde, celle de Mauricette Simon, militante d’ATD Quart Monde qui porta avec Geneviève la parole des exclus à l’Assemblée nationale et à l’Elysée, ainsi que celle de Frédérique Neau-Dufour, historienne et biographe de Geneviève de Gaulle Anthonioz. Un autre témoignage enfin, celui de Philippe Anthonioz, fils de Geneviève et Bernard Anthonioz, qui apporte un éclairage intime sur ses parents, unis dans leur amour de l’art et dans tous leurs engagements.
Wresinski avait connu la misère, Geneviève avait connu les camps
Geneviève de Gaulle : "Ce qui a tout de même changé depuis 1958, c'est que les pauvres commencent à parler maintenant. Quand je les ai rencontrés, au début, ils ne pouvaient pas parler. Ou ils poussaient des hurlements ou ils se taisaient. Et moi, je comprenais très bien ça, parce que c'est vrai que c'est très difficile de parler. Et bien maintenant, ils ont appris à parler. Maintenant, ils vont en délégation rencontrer le Président de la République ou le Premier Ministre et ils ont des choses à lui dire... Ils sont des veilleurs dans la nuit. Ils empêcheront notre société de se perdre complètement."
Le Père Joseph Wresinski : "La société a toujours été intolérante aux pauvres, je crois qu'aujourd'hui elle l'est plus encore qu'autrefois."
- Par Victor Macé de Lépinay
- Réalisation : Ghislaine David
- Une vie, une oeuvre, Geneviève de Gaulle Anthonioz - 1ère diffusion : 23/05/2015
- Edition web : Documentation de Radio France