Marine Le Pen à la tête du Front National
Dimanche dernier à Tours, lors du 14e congrès du Front National, Marine Le Pen a été élue présidente du parti. Elle succède à son père, Jean-Marie Le Pen, qui occupait cette fonction depuis la création du FN 1972. Marine Le Pen a recueilli 67,5% des voix, battant ainsi son unique adversaire, Bruno Gollnisch, qui a obtenu 32,2% des suffrages. Le vote s’est fait par correspondance, durant un mois. Il était réservé aux adhérents du FN, qui ont été 25 000 à voter selon Jean-Marie Le Pen.
Devant 2.000 militants, la nouvelle présidente du FN a qualifié son parti de « grand parti républicain » . Après avoir affirmé « la démocratie ne nous fait pas peur » , elle a dit vouloir « remettre l’Etat entre les mains du peuple, mis en avant son combat pour la laïcité, et revendiqué l’héritage des « résistants de 1940 » .
De son côté, Bruno Gollnisch a reconnu sa défaite et a indiqué que « personne ne contesterait la légitimité » de Marine Le Pen « pour représenter le Front National à l’élection présidentielle » . Il a néanmoins décliné la fonction de premier vice-président qu’elle lui proposait, après la démission de Roger Holeindre, figure historique du parti en désaccord avec la nouvelle présidente.
Le premier ministre François Fillon a dénoncé « l’inconséquence du projet économique » du Front National et « l’incohérence » de ce qu’il estime être un « mélange d’ultraprotectionnisme, d’ultraétatisme et d’ultralibéralisme » . De son côté, Xavier Bertrand, ministre de la santé, a déclaré: « c’est toujours la même extrême droite. Le populisme, ceux qui exacerbent les peurs, les haines, c'est ce que fait le Front national. Il n'y a pas de changement entre Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen » . Au Parti Socialiste, Pierre Moscovici a indiqué : « Marine Le Pen gardera l’essentiel de son père. Elle sera tout autant anti-immigrés, anti-musulmans, anti-européenne que son père ». Selon un sondage Obea-Infraforces pour 20 Minutes et France Info paru la semaine dernière, 49% des Français estimeraient que l’UMP doit débattre avec Marine Le Pen pour « trouver des points de convergence » et 30,3% d’entre eux souhaiteraient que le parti présidentiel prépare une alliance avec le FN pour les élections législatives.
Enfin, selon un autre sondage CSA pour Marianne , publié il y a une semaine, la nouvelle présidente du Front National arriverait actuellement en troisième position des intentions de votes pour l’élection présidentielle de 2012, avec 18% des suffrages, derrière Dominique Strauss-Kahn (30%) et Nicolas Sarkozy (25%).La Tunisie
Après la fuite,il y a dix jours, de Zine El-Abidine Ben Ali, au pouvoir en Tunisie depuis 1987, le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, a formé lundi un gouvernement provisoire d’union nationale, afin de préparer les élections présidentielle et législatives qui auront lieu dans six mois. Huit anciens ministres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali conservent les portefeuilles les plus sensibles (l’intérieur, la défense, les affaires étrangères et les finances notamment), et trois membres de l’opposition légale ont obtenu un ministère.
Mardi, les trois ministres membres du syndicat UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) ont annoncé leur démission pour protester contre la mainmise du RCD sur les ministères clefs, puis le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDLT) a annoncé la « suspension de sa participation au gouvernement » . En réponse, Foued Mebazaa et Mohammed Ghannouchi ont démissionné du RCD, qui a radié de ses rangs Ben Ali et six de ses collaborateurs. Foued Mebazaa s’est engagé mercredi « à ce que le gouvernement de transition conduise une rupture totale avec le passé » . Il a également promis une « amnistie générale » , « la liberté totale d’information » , « l’indépendance de la justice » et « la séparation entre l'Etat et le parti » .
Les opposants exilés sous le régime de Ben Ali sont revenus en Tunisie au cours de la semaine. Parmi eux, Moncef Marzouki, issu de la gauche laïque et exilé en France, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. Il a qualifié de « mascarade » et de « fausse ouverture » le nouveau gouvernement. Le chef historique du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, exilé depuis 1989, s’est dit prêt à « travailler pour bâtir un État de droit » et pour « mener la Tunisie à la démocratie » . Enfin, selon le journal Le Monde , Leïla Ben Ali, l’épouse de l’ancien président, aurait quitté le pays avec 1 500 lingots d'or, l'équivalent de 45 millions d'euros.
Après avoir voir « pris acte de la transition constitutionnelle » , l’Elysée a apporté samedi dernier « un soutien déterminé au peuple tunisien » , et a demandé « l'organisation d'élections libres dans les meilleurs délais » . « La politique de la France est fondée sur deux principes constants : la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat souverain, et le soutien à la démocratie et la liberté » affirme également le communiqué de l’Elysée.
Michèle Alliot-Marie a été auditionnée mardi par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale pour avoir suggéré la semaine dernière que « le savoir-faire de nos forces de sécurité, reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type » . Martine Aubry a estimé que Michèle Alliot-Marie devrait « elle-même tirer les leçons d'une faute aussi grave » .
La France est le premier investisseur étranger hors énergie en Tunisie, avec un flux d’ investissement direct étranger (IDE) de 139 millions d'euros en 2009, et le premier pays pour le nombre d’entreprises implantées. 1.250 entreprises françaises représentant 110 000 emplois sont présentes en Tunisie.