Après la guerre, Line Renaud commence sa nouvelle existence. La suite des évènements marquants de sa vie se déroule une nouvelle fois dans le nord de la France. C'est à Lille que Line Renaud rencontre l'amour de sa vie, Loulou Gasté. "Je tiens à parler du destin parce que les choses sont écrites, on ne le sait pas, bien sûr. Comment rencontrer Loulou Gasté ? Il faut qu'il y ait un début à ça, que je puisse commencer à chanter. Je chantais chez nous des chansons de Loulou Gasté qu'on entendait à la radio. Je ne savais pas que chanteuse était un métier."
Le début de la gloire
Line Renaud se souvient de ses débuts de chanteuse, ils remontent à sa plus tendre enfance. La chanteuse raconte : " je me suis inscrite sans le dire à mes parents au radio crochet du café de l'Harmonie. Mon père n'était même pas encore parti à la guerre. J'avais huit ans. Et là, j'ai gagné le Premier prix. C'était une somme qui représentait au moins le salaire de ma mère et de mon père réunis."
Alors qu'elle a remporté la première place, Line Renaud ne peut pas dévoiler la véritable provenance de la somme d'argent. Elle raconte alors avoir trouvé l'argent dans la rue. La chanteuse se souvient encore de la réaction épique de sa mère complètement affolée. Après plusieurs péripéties, Line Renaud se résout à dire la vérité à sa mère qui ne la croit pas. La chanteuse relate : "les gens étaient toujours au café de l'Harmonie. En rentrant, j'ai fait un triomphe et ils m'ont demandé de chanter à nouveau."
La destinée
Théâtre Sébastopol de Lille, 1944. Line Renaud participe à une audition grâce à l'inscription d'une certaine Fernande, collégienne à Armentières comme elle, qu'elle n'a jamais revu. Elle porte le numéro 8 et se retrouve face à des chanteurs et chanteuses classiques. Sa mère la prévient : "si tu ne gagnes pas, ne me parle plus de chant". Lorsque le numéro 8 est appelé, la chanteuse se souvient : "j'arrive dans cette grande salle, éblouie et une voix demande : 'quel répertoire ?', je réponds : 'Loulou Gasté'." Elle chante l'une après l'autre Sainte-Madeleine et J'ai vendu mon âme au diable. Finalement, la voix de Line Renaud n'est pas retenue pour le Conservatoire de Lille, mais elle intègre l'orchestre jazz de Michel Warlop. De ce dénouement, elle retient : "si ma petite copine n'avait pas écrit au Conservatoire de Lille qui faisait passer des auditions, ça ne se serait pas fait. Si ce n'est pas le destin ça ?"
"Loulou Gasté était le Goldman de l'époque, comme Charles Trenet. Loulou était dans l'orchestre de Raymond Legrand. Ils étaient tous planqués, pour éviter le travail forcé. Je chantais comme tous les jeunes de France, je chantais du Loulou parce que ses chansons étaient rythmées. C'était formidable."
De sa future rencontre avec l'homme de sa vie, Line Renaud révèle : "Je savais que Loulou Gasté serait mon Pygmalion. Mais bon, encore une question de destin."