Syracuse

La Guerre froide opposait deux blocs : à l’ouest, celui des Etats-Unis et de l’OTAN et à l’est, celui de l’Union Soviétique et du Pacte de Varsovie. Cette longue période de glaciation, qui reposait sur un équilibre de force dissuasif entre les deux grandes puissances nucléaires, connut un moment de détente, en 1975, avec l’Acte final d’Helsinki, signé par l’ensemble des pays des deux alliances. L'objectif ? Mettre en place un nouveau système européen de sécurité collective grâce à un programme en trois corbeilles : la sécurité, l’économie et les droits de l’homme, afin de garantir l’inviolabilité des frontières, le non-recours à la force, le respect de la souveraineté des pays et la non-intervention dans les affaires intérieures d’un autre Etat.

Pour les Soviétiques, il s’agissait d’obtenir la reconnaissance de la sphère d’influence de Moscou sur l’est de l’Europe et d’améliorer leur image internationale après la répression du printemps de Prague en 1968. Pour les Occidentaux, il fallait mettre en avant le refus de l’emploi de la force pour modifier les frontières ainsi que les droits de l’homme, pour la première fois érigés comme l’un des éléments majeurs de la sécurité dans les relations entre les Etats. L’Acte final confère à son héritière, la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), puis à l’OSCE, un statut d’enceinte de débat entre les pays de l’est et ceux de l’ouest. Avec une langue commune, celle de la démocratie. Et la conviction, aussi, que débute une ère nouvelle. Et effectivement, Helsinki a donné naissance à un mouvement de résistance très important sur le continent. Quant à l’immuabilité des frontières, elle a servi de base à la paix pendant 50 ans.

Mais le retour des clivages entre les deux blocs, qui ont laissé des stigmates difficiles à dépasser, est revenu freiner les enthousiasmes. L’OSCE, qui doit prévenir les conflits, assiste en spectatrice au déclenchement de nouvelles guerres sur le continent. En violant l’intangibilité des frontières, en réhabilitant l’idée de conquête territoriale, l’invasion russe de l’Ukraine, en février 2022, semble avoir réduit les grands principes d’Helsinki au néant. Ainsi, à quoi sert encore l’OSCE ?

Références sonores

• Archive INA : Valérie Giscard d'Estaing lors d’une conférence donnée à Moscou, Journal de 13H - TF1, 12 octobre 1976
• Alexandre Soljenitsyne devant le Congrès américain : extrait du documentaire ARTE Les années glorieuses de l'URSS - 1975 - 1979 : Apogée, réalisé en 2009 par Andrei Nekrasov
• Anatoli Tchernaiev, ancienne plume de Brejnev, en 2009 : extrait du documentaire ARTE Les années glorieuses de l'URSS - 1975 - 1979 : Apogée , réalisé en 2009 par Andrei Nekrasov
• Anna Politkovskaïa quelques semaines avant son assassinat le 7 octobre 2006 : extrait d'un Envoyé Spécial réalisé par Manon Loizeau et diffusé en 2007
• Extrait du documentaire ARTE "Navalny, l’ennemi de Poutine", réalisé par Igor Sadreev et Aleksandr Urzhanov en 2024