Signé en septembre 2016, l’accord de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla marxiste des FARC, les Forces armées révolutionnaires de Colombie, a mis fin à un conflit armé sanglant de plus d’un demi-siècle. Une guerre qui a fait plus de 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés. A l’époque, la paix, l’une des plus ambitieuses de l’histoire contemporaine, avait été signée par le président Juan Manuel Santos et le commandant en chef des Forces Armées des FARC Rodrigo Londogno, plus connu sous les noms de Timoleon Jimenez et Timochenko.
« Mieux vaut un accord imparfait, qui sauve des vies, qu’une guerre parfaite », avait déclaré le président, dont le courage avait été récompensé par un prix Nobel de la paix. L’accord s’articulait autour de trois grands piliers : la création d’une cour de justice transitionnelle devant enquêter sur les crimes de guerre, la démobilisation des FARC et la restitution des terres aux Colombiens dépossédés.
Un vent d’optimisme avait alors soufflé sur la Colombie, avec des promesses de vie meilleure pour tous. Créée en 1964, la guérilla des FARC, avec ses 7000 combattants et ses 5000 miliciens, avait été retirée de la liste des organisations terroristes de l’Union européenne. Elle s’est depuis transformée en parti politique et ses combattants se sont reconvertis dans la société civile en se lançant dans la production agricole.
Mais huit ans après l’Accord, la situation ne s’est pas encore normalisée partout en Colombie. Dans les territoires contrôlés par les FARC, l’Etat n’a pas entièrement comblé le vide et des groupes armés dissidents, rebelles de l’Armée de libération nationale (ELN), des paramilitaires et des narcotrafiquants, menacent encore parfois la stabilité du pays. Élu en août 2022, le président de gauche – et ancien guérillero - Gustavo Petro a fait de la fin des conflits armés et de la réduction de la violence en Colombie une de ses priorités. Il a même promis “la paix totale” autrement dit des négociations avec tous les groupes armés, politiques ou mafieux. Mais l’ambition tout comme la méthode Petro suscitent des craintes et des critiques : la droite, notamment, l’accuse de “livrer l’État aux narco trafiquants”.
Alors, quel bilan peut-on tirer de l’Accord de paix entre Bogota et les FARC huit ans après ? Quelles leçons peut-on en tirer ? Quel est le visage de la Colombie en 2024 ? Un an et demi après son arrivée au pouvoir, où en est le projet de “paix totale” de Gustavo Petro ?
Références sonores
- Le président Juan Manuel Santos et le commandant en chef de la guérilla marxiste, Rodrigo Londoño actent la paix, Le Monde, 26 septembre 2016
- Témoignage de Darwin, commandant de l'unité FARC Front 33 dans Colombie : l'impossible réconciliation ?, Arte, 2024
- Témoignage de la militante Maria Sedeno dans Colombie : terres promises, Arte, 2015
- Témoignage de Maria, paysanne, dans Colombie : l'impossible réconciliation ?, Arte, 2024
