Une chorale plutôt qu'une fanfare.
Au milieu des années 60, Simha Arom arrive en Centrafrique et découvre une richesse musicale jusque-là méconnue. Il propose alors au Président Dacko de monter une chorale qui chanterait la musique traditionnelle de Centrafrique, ce qui est totalement inédit.
"J'ai construit un répertoire de chants traditionnels : il y a 100 ethnies, 100 langues ! Mais tout le monde se comprend grâce au sango (...) Un soir, la chorale de la jeunesse pionnière nationale est invitée à chanter chez le président. Image surréaliste : 90 noirs et devant un blanc qui chantent des chants traditionnels des ethnies locales. C'était du jamais vu. On a transposé les chansons du domaine de la place du village vers le domaine de l'esthétique. Ils se sont rendu compte de la valeur de leur chant"
La création du Musée Boganda.
La collecte d'archives sonores et d'instruments de musique conduit Simha Arom et Geneviève Dournon à imaginer la création d'un musée.
"Avec Geneviève Dournon nous avions ensemble le projet de faire des archives culturelles de musique. Mais si on fait des archives sonores, il faut aussi montrer avec quoi on fait cette musique ! Il faut donc faire une collection d'instrument de musique et imaginer un musée des arts et traditions dans laquelle la musique aurait une grande place. Le hasard a voulu qu'il y ait dans les projets du gouvernement de faire un musée à la gloire de Boganda"
Concrètement, sur le terrain, comment ça se passe ?
"Quand on arrive dans un village, on va voir le chef, on l'interroge. On mène notre enquête pour savoir s'il y a des musiciens, des instruments, des chants particuliers pour accompagner la chasse... On lui explique que l'on veut créer une maison des ancêtres"
Programmation musicale :
Centrafrique (Gbaya)
Enregistrement Simha Arom
CD Unesco Collection
Centrafrique (Banda Linda)
Chant de guerre
Enregistrement Simha Arom
CD Unesco Collection
Centrafrique (Pygmées Aka)
Chantefables / Nyodi (l’oiseau)
Anthologie de la musique des pygmées Aka
CD Ocora
Centrafrique (Banda Linda)
Ensemble de Mvrele (4 flûtes droites)
Enregistrement Simha Arom
CD Unesco Collection
Centrafrique (Pygmées Aka)
Epanda
Enregistrement Simha Arom
CD Unesco Collection
Centrafrique (Pygmées Aka)
Chant de déploration sur le cadavre : Boyiwa
Pygmées Aka
Enregistrement Simha Arom
CD Ocora
Bibliographie :
Simha Arom, itinéraire d'un ethnomusicologue (2014)
Documentaire réalisé par Jérôme Blumberg
Produit par Le Miroir / CNRS images
La Fanfare de Bangui, itinéraire enchanté d'un ethnomusicologue
Simha Arom (2009)
Edition La Découverte
Ndroje balendro : Musiques, terrains et disciplines.
Textes offerts à Simha Arom
Livre paru en 1995 aux ed. Peeters
African Polyphony & Polyrhythm : Musical Structure and Methodology
Simha Arom
Ed. Maison des sciences de l'homme, 2004
Biographie
Simha Arom, né le 16 août 1930 à Düsseldorf en Allemagne, corniste de formation et musicologue, est un ethnomusicologue franco-israélien. Dans les années 1960, envoyé par le gouvernement israélien pour créer une fanfare en République centrafricaine, il est fasciné par les musiques traditionnelles de ce pays, en particulier par les polyphonies vocales des Pygmées Aka.
Entré au CNRS en 1968, les méthodes d’expérimentation interactive qu’il a développées pour l’étude des polyphonies et des échelles musicales africaines lui ont valu la Médaille d’Argent du CNRS.
Ses recherches portent sur la systématique musicale des polyphonies d’Afrique centrale ainsi que sur l’organisation temporelle, la modélisation et les aspects cognitifs des musiques de l’oralité. Simha Arom s’est attaché à la mise au jour de systèmes musicaux implicites et à la manière dont une culture construit ses catégories cognitives telles qu’attestées à travers sa musique.
Simha Arom est directeur de recherche émérite au CNRS, membre-fondateur de la Société française d’ethnomusicologie, de la Société française d’analyse musicale, de la European Society for the Cognitive Sciences of Music (ESCOM) et du European Seminar in Ethnomusicology ; il est également membre de la Société française de musicologie et du Board of directors du projet The Universe of Music (UNESCO). Ses archives sonores ont été déposées en 2011 à la phonothèque de la Bibliothèque Nationale de France.
Ses publications comptent une dizaine d’ouvrages, plus de 100 articles, une trentaine de disques, plusieurs films et un CD-Rom. Son livre African Polyphony and Polyrhythm a obtenu en 1992 le « ASCAP Deems Taylor Award for Excellence in Music Literature ». Il est régulièrement invité dans diverses universités européennes et nord-américaines.
Nombre de compositeurs — parmi lesquels Luciano Berio, György Ligeti et Steve Reich — ont exploité dans leurs œuvres des procédés musicaux qu’il a mis au jour.