Tout commence jeudi lorsqu'un homme d'une quarantaine d'années poignarde une assistante maternelle et trois enfants dans le centre de Dublin. Après avoir pris en charge le suspect, les officiers établissent un cordon de sécurité autour de la scène du crime. Très vite, plusieurs centaines de personnes se pressent aux abords du site. Elles lancent des slogans racistes et se mettent soudainement à s'en prendre aux forces de l'ordre.
Tout s'emballe ensuite. Voitures de police brûlées, bus incendiés, magasins pillés, policiers agressés. Il faudra plus de deux heures avant que la situation ne soit maîtrisée. Sous le feu de la critique pour n'avoir pas anticipé ces violences, le commissaire de police parle d'un événement inédit depuis des décennies. Il tient pour responsable "une faction de hooligan fous et mus par une idéologie d'extrême droite."
Comment passe-t-on d'une attaque au couteau à des émeutes?
Selon le responsable de la police, tout est parti des réseaux sociaux. Une rumeur concernant l'origine supposée de l'agresseur présumé a rapidement circulé en ligne. Les autorités affirment qu'elles surveillaient la propagation de messages racistes en réponse à l'agression. Mais, elles n'avaient pas prévu que cela se traduirait par des violences dans le monde réel. Le commissaire explique que la police va devoir s'adapter par rapport à cette nouvelle réalité.
Nouvelles réalités?
Elle est sans doute double. Bien que l'Irlande soit réputée pour sa tradition d'accueil, il y a, pour une partie de la population, une véritable crispation autour du sujet migratoire. Dans un sondage récent 3 irlandais sur 4 trouvent que leur pays accepte trop de réfugiés. Cela ne se matérialise pas encore dans les urnes puisque l'extrême droite, pour laquelle l'immigration est un sujet phare, n'occupe pas un seul siège au parlement. A côté de ça, il y a un autre phénomène qui avait largement épargné Dublin. A savoir l'influence que des messages sur les réseaux peuvent avoir sur le comportement de certains. Après les émeutes décrites comme une honte par le premier ministre, Leo Varadkar a promis de durcir la législation en matière de lutte contre la haine en ligne. Un défi compliqué vu le poids de certaines voix dans le pays.
Le poids d'une voix
Conor Mc Gregor. Les fans de MMA, ce sport de combat pratiqué dans une cage en forme d'octogone, connaissent bien cet athlète irlandais. Nom de famille tatoué sur le torse, ce sont aussi ses sorties en dehors des rings, notamment en ligne, qui font sa réputation. Depuis les émeutes de jeudi Conor Mc Gregor est déchainé. Il affirme que l'Irlande est en guerre et qu'il y a un grave danger parmi la population en faisant implicitement le lien entre immigration et insécurité. Il défie ouvertement les pouvoirs locaux qu'il accuse de manquer de volonté et invite ses concitoyens à prendre les choses en main. Voilà la teneur des messages qu'il adresse depuis 48 heures aux 10 millions de personnes qui le suivent sur Twitter. Pour vous donner un ordre de grandeur, l'Irlande compte 5 millions d'habitants. Conor Mc Gregor a tenu à saluer l'héroïsme de la personne qui a maîtrisé l'agresseur au couteau. Caio Benicio, c'est son nom, est un chauffeur livreur brésilien.