Syracuse

Lorsque nous perdons un être cher, devant un deuil, devant une destruction, devant une disparition, voire devant l'imaginaire de notre propre mort, nous avons cette formule qui vient de la sagesse profonde, "nous sommes peu de chose". Nous la tirons, cette phrase, un peu plus loin, comme si nous n'étions rien du tout, et nous passons alors d'un extrême à l'autre : nous passons de l'évidence d'un être plein, entier, absolu, à l'évidence contraire, d'un être qui n'est rien, et qui peut nous conduire de ce rien à un nihilisme absolu. Rien serait finalement le secret de la réalité qui serait là aussi métaphysiquement tout ou rien.

Nous sommes peu de chose

Notre peu de réalité disait Jankélévitch, le temps éphémère où nous vivons n'en est pas moins une existence absolue : il faut arriver réellement à concilier, non pas le tout et le rien mais le partiel, le temporaire et l'absolu, comme si il y avait en effet des degrés de réalité : des réalités qui pouvaient quelque part être entre tout et rien, petites, partielles : peu de chose mais réellement quelque chose. (...)

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