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Alors que les récits de science-fiction médiatisés ont longtemps été ceux d’auteurs blancs occidentaux, en quoi l’appartenance à la communauté des « afro-descendants » permet-elle de proposer des futurs différents ? Comment la science-fiction a-t-elle façonné un futur techno-solutionniste ? Qui est Octavia Butler et pourquoi ses œuvres permettent d’elles d’appréhender la spécificité d’une science-fiction « afro-futuriste » ?
Des questions auxquelles répondront Laura Nsafou, écrivaine afro-féministe, Oulimata Gueye, curatrice en arts visuels et directrice du post-diplôme art à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, ainsi que Blaise Mao, rédacteur en chef d’Usbek & Rica.
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L'Afro-futurisme, un courant aux multiples définitions
En 2018, le célèbre film Black Panther des studios Marvel et réalisé par Ryan Coogler sort au cinéma. Un long-métrage qui, à l’époque, est qualifiée d'oeuvre "afro-futuriste" accessible au grand public. Pourtant, ce terme reste encore aujourd’hui majoritairement inconnu.
Le terme afrofuturiste, apparu pour la première fois sous la plume du théoricien américain Mark Dery en 1994, renvoie à des oeuvres qui proposent de mêler culture africaine et projections futuristes. Pour beaucoup d'observateurs, cette notion souffre d'une utilisation trop systématique et d'une absence de définition claire. Pour tenter de mieux appréhender cette notion, Blaise Mao, rédacteur en chef d'Usbek & Rica en propose une définition : « On a essayé de dire que l'afro-futurisme était une constellation d'imaginaires avant-gardistes et afro-centrés, qui permet d'articuler l'identité noire, la technologie et le futur, et qui transfigure le passé en gisement d'avenir. »
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L'autrice Octavia Butler : "afro futuriste" avant l'heure ?
Si « l’afro-futurisme » désigne un courant relativement étendu dans les pratiques, il se rattache cependant souvent à la littérature, et particulièrement aux romans de science-fiction. L’une des autrices reconnue et souvent reliée à ce terme est Octavia Butler, connue pour ses romans comme L’Aube (1987) ou encore La Parabole du semeur (1993).
Pourtant, cette dernière ne se définissait pas elle-même comme une autrice afro-futuriste, comme l’explique Oulimata Gueye, curatrice en arts visuels et directrice du post-diplôme art à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon : « Octavia Butler se définissait comme histo-futuriste, comme quelqu'un qui regarde vers l'avant sans tourner le dos au passé, combinant un intérêt pour l'humain et pour la technologie. Et effectivement, elle ajoutait qu'il était important pour les personnes noires de ne pas oublier d’où elles viennent. »
Le Manifeste de l'afro-futurisme 3.0
Si l'on doit la première conceptualisation théorique de l'afro-futurisme à l'américain Mark Dery en 1993, la notion n'a cessé d'évoluer au gré des apports des chercheurs et des artistes. L'essai Afrofuturism 2.0 paru en 2015 a permis d'approfondir le concept, et aujourd'hui en 2023, des auteurs se sont donnés pour objectif de réactualiser la notion à travers le projet d'un « Manifeste de l’afro-futurisme 3.0 », porté par trois auteurs et autrices : Michael Roch, Nadia Chonville et Laura Nsafou, invitée de l’émission.
Laura Nsafou décrit le projet de ce Manifeste, porté par la volonté d’une réflexion sur la question de l'afro-futurisme dans un contexte français et européen, et de placer cette réflexion aussi par rapport aux identités. Elle explique : « Tous les rapports de forces qui sont présents dans une vision que l'on a en Occident n'appartiennent pas à un imaginaire propre au continent africain, avec en plus des distinctions selon les ethnies. Pour avoir cette réflexion-là, il faut être dans la relation et c'est ce qu'on essaie de travailler aussi avec d'autres artistes. À savoir, quelles sont les possibilités d'élargir cette conversation dès lors qu'on s'intéresse à la spécificité des points de vue de chacun et des différentes visions au sein de la diaspora et des territoires qu'elle regroupe. »
Invité(e)s :
Laura Nsafou, écrivaine afro-féministe
Oulimata Gueye, curatrice en arts visuels, spécialiste des nouvelles technologies et de leur usage en Afrique, directrice du post-diplôme art à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon
Blaise Mao, rédacteur en chef d’Usbek & Rica
Une émission en partenariat avec Usbek & Rica.