Syracuse

Après nous avoir fait découvrir le spectacle russe Nous ne sommes plus de Tatiana Frolova, Le Grand Tour continue de nous faire découvrir la richesse de Sens Interdits. Ce festival de théâtre qui se déroule tous les deux ans donne en effet à voir depuis 2009 un théâtre politique en accueillant des artistes qui portent les traumatismes de la guerre et de l’exil. L'occasion d'assister à des spectacles souvent engagés, portant dans leur chair des questions toujours brûlantes d'actualités. Et cette édition ne fait pas exception : Mali, Rwanda, Russie, Bielorussie, Palestine… Ce sont 18 spectacles de 16 pays et territoires qui se déploient dans toute la ville et au-delà jusqu'au 28 octobre prochain.

Dans cet épisode, Marie Sorbier nous amène asister, entre autres, à la présentation du spectacle And Here I Am de la troupe palestiennienne Freedom Théâtre. En effet, Patrick Penot, le directeur de Sens Interdits, avait prévu pour cette édition 2023 un focus Palestine. Et avec le regain de la guerre ces derniers jours entre le Hamas et Israël, ce choix est devenu à la fois encore plus nécessaire, mais complexe à tenir, pour des raisons de sécurité notamment. L'acteur palestienien Ahmed Tobasi explique ainsi au micro du Grand Tour la nécessité, en cette période de guerre, de continuer à faire du théâtre : "Nous croyons que l'on peut résister à travers l'art et le théâtre. Nous avons le droit justement de choisir la manière dont on veut se battre. Nous croyons ainsi que le théâtre est une manière de résister et de parler de la situation en Palestine."

Depuis quinze ans, le festival Sens Interdit à Lyon montre donc sur scène des artistes aux prises avec les traumatismes de l'histoire. Mais ce qui est le plus prégnant en tant que spectateur, c'est d'écouter ces histoires faites de déchirements et de joies. Mais surtout, c'est de réaliser d'où cette parole nous parvient. Quand on prend conscience de qui parle, de qui raconte, de qui et sur scène, les destins individuels prennent une valeur toute particulière, car ils sont partagés par les voix et les corps qui les vivent. Et les histoires que l'on entend alors sont plus nuancées, plus complexes et plus étonnantes que les leçons d'histoire et les comptes rendus d'actualité.