Première partie - Retour de Colombie
Avec Pascale Mariani, correspondante pour France 24 en Colombie.
Rafael Moreno était un journaliste colombien originaire de la région du Córdoba située au nord du pays. Il a été assassiné le 16 octobre 2022. Cela faisait plusieurs années qu’il recevait des menaces de mort. Il enquêtait notamment sur des affaires de corruption et sur les impacts environnementaux de certaines entreprises locales.
Six mois après sa mort, le collectif de journalistes Forbidden Stories publie le “projet Rafael”, une série d’enquêtes qui reprend le travail et les combats du journaliste colombien. France 24 s’est associé à ce collectif et diffuse deux reportages. Le premier est un portrait de Rafael Moreno qui nous explique comment il travaillait et pourquoi il était menacé. L'autre est un reportage sur une mine de nickel, l’un de ses terrains d’enquête. Un travail mené par Pascale Mariani , signé avec Juan Orozco, Juan Cortés et Julia Courtois.
Selon Pascale Mariani, Rafael Moreno a été assassiné à cause de son obstination à exposer au grand jour le système mortifère qui régit sa région : “la zone de Córdoba est extrêmement riche en ressources naturelles : or, nickel, cuivre… Cette richesse est une malédiction, car elle fait l’objet d’un pillage systématique avec de nombreuses conséquences. Les entreprises peuvent maltraiter leurs employés, polluer l’air ou l’eau en toute impunité, car la région est sous le contrôle du clan du Golfe, la mafia la plus puissante de Colombie. Si quelqu’un ose élever la voix, il est assassiné.”
Pour aller plus loin :
Deuxième partie - “Femme, vie, liberté” : des nouvelles de la révolte iranienne
Table ronde d'actualité internationale
[En partenariat avec le journal Le Monde ]
Plus de sept mois après le début des manifestations déclenchées par la mort de la jeune Masha Amini après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran, où en est le mouvement de contestation ? Le port du hijab est une obligation légale et religieuse a martelé le président de la République Islamique Ebrahim Raïssi début avril. Pourtant, à en croire les témoignages et les vidéos qui nous parviennent d’Iran, les femmes sont de plus en plus nombreuses à déambuler sans voile dans l’espace public. Alors que les manifestations se font plus rares et que le régime maintient une répression violente, il semblerait que la contestation du régime prenne de nouvelles formes en Iran.
S'agit-il d’un tournant pour cette révolte ? Comment le régime réagit-il à ces actes de désobéissance ?
Un état des lieux à mettre en perspective avec la nouvelle donne régionale, depuis le rapprochement annoncé avec l’Arabie Saoudite, et ce, malgré le maintien des fondamentaux de sa politique notamment sur le nucléaire.
Mélanie Chalandon et Marc Semo, journaliste au Monde, reçoivent Farid Vahid, co-directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la fondation Jean Jaurès ainsi que Ghazal Golshiri, journaliste au Monde.
Ghazal Golshiri constate un changement d’habitude de la part des hommes, plus solidaires : “Certaines femmes sont applaudies dans la rue par des hommes qui les remercient d’avoir retiré leur voile. Ça se voit dans la rue et dans les familles où l’on commence à parler des droits des femmes et des minorités.”
Selon Ghazal Golshiri , on ne voit pas du tout de divisions régionales dans la contestation du régime : “ le mouvement a commencé dans la ville [kurde] natale de Masha Amini puis ces propagé dans les régions turques et baloutches. Pourtant, tous parlent de l’Iran avec les slogans “Femmes, vie, liberté” et “À bas la République islamique d’Iran”. Il n’y a pas du tout de revendication séparatiste. ”
Pour Farid Vahid, le régime et la population iranienne sont en décalage total à l’intérieur comme à l’extérieur : “les Iraniens veulent la liberté, la démocratie et la laïcité alors que les mollahs leur offrent répression et rigorisme. Les gens ont les yeux tournés vers l’Europe, les États-Unis et le Canada alors que la République islamique promeut le regard vers l’est : la Chine et la Russie.”
Pour aller plus loin :
Le dessin de la semaine
Mélanie Chalandon présente un dessin en partenariat avec l'association Cartooning for Peace , une plateforme qui regroupe les œuvres de dessinateurs de presse engagés qui combattent avec humour pour le respect des cultures et des libertés. Il a été réalisé par le caricaturiste Mohsen Izadi.
Références sonores & musicales
Une émission préparée par Tom Umbdenstock et Léa Capuano.