Première partie - Retour de Géorgie
[En partenariat avec le Prix Albert Londres]
Au début du mois de mars 2023, à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, les manifestants ont protesté par milliers devant le Parlement. L’adoption, le 7 mars, d’une loi dite des “agents étrangers” a mis le feu aux poudres. Celle-ci prévoyait d’appeler comme tel toute organisation recevant plus de 20 % de ses financements de l’étranger. Démonstration d'un tournant autoritaire et liberticide du régime selon l'opposition et les manifestants. S’ils ont obtenu le retrait du texte, les Géorgiens restent sur leur garde, notamment la jeunesse.
Avec Faustine Vincent, journaliste au service international du Monde, en charge de l’espace post-soviétique.
“Pendant longtemps, le gouvernement géorgien entretenait des ambiguïtés sur ses positions vis-à-vis de la Russie. Mais en voyant tous ces jeunes s’opposer à sa politique dans la rue, il s’est attaché à les discréditer, affirmant qu’ils menaient une campagne libérale fasciste, que certains avaient des uniformes satanistes, invoquant le lobby LGBT… C'est la même rhétorique que celle utilisée par la Russie vis-à-vis de l’Ukraine. Le gouvernement va désormais jusqu'à se poser en garant de la sécurité et de la paix, accusant les occidentaux et l'Ukraine de vouloir entraîner le pays dans la guerre. Ce tournant prorusse est clair pour tout le monde” explique Faustine Vincent.
Deuxième partie - Allemagne : La coalition face au “changement d’époque”
Table ronde d'actualité internationale
[En partenariat avec le journal Le Monde ]
Face à une inflation qui s’élevait à 8,7 % en février 2023 sur un an, les organisations syndicales ont appelé à une "méga-grève" de 24 h lundi 27 mars 2023, paralysant le pays, notamment le secteur des transports. Objectif des syndicats : la revalorisation des salaires d’au moins 10 %. Si le mouvement, vu de l’étranger, et notamment de France, a surpris par son ampleur, cette grève n’est pas la première en Allemagne où de nombreux secteurs se mobilisent depuis des mois. Que nous dit-elle de l’inquiétude des Allemands face à l’érosion de leur pouvoir d’achat ? Un an après la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui a fait flamber les prix, comment l’économie allemande se réorganise-t-elle ? Quelles marges de manœuvre pour gouvernement dont la coalition est traversée par de profondes divergences ?
Mélanie Chalandon et Marc Semo, journaliste au Monde, reçoivent Jérôme Vaillant, professeur émérite de civilisation allemande à l'Université Lille 3, directeur de la revue Allemagne d'aujourd’hui ainsi que Anne Salles, maîtresse de conférences en études germaniques à Sorbonne-Université.
“Les syndicats allemands sont structurellement en perte de vitesse. Ils ont vu leur nombre d’adhérents être divisés par deux depuis la réunification. Ce mouvement de grève a sensiblement inversé la tendance avec 70 000 adhérents gagnés par Verdi, [le syndicat des services], depuis la première journée de mobilisation. Certains accusent d’ailleurs les syndicats de faire durer le mouvement avant tout pour gagner plus d'adhérents, en dépit de la promesse déjà obtenue d’une augmentation des salaires de 8 %” explique Anne Salles.
Selon Jérôme Vaillant “Les trois partis veulent en premier lieu le maintien de la coalition gouvernementale, mais cherchent aussi à faire avancer leurs programmes respectifs. Ainsi, les libéraux cherchent à s’affirmer, les verts essayent de ne pas perdre la face tandis que le SPD (socio-démocrates) regarde ses partenaires s'échanger des coups de poing en affirmant à la fin que tout s'est bien passé.”
Pour aller plus loin :
Le dessin de la semaine
Mélanie Chalandon présente un dessin en partenariat avec l'association Cartooning for Peace, une plateforme qui regroupe les œuvres de dessinateurs de presse engagés qui combattent avec humour pour le respect des cultures et des libertés. Il a été réalisé par le caricaturiste Emanuele Del Rosso.
Références sonores et musicales
Une émission préparée par Tom Umbdenstock et Léa Capuano.