Présenté par Jérémie Rousseau
Concert offert par l'Union Européenne de Radio.
Concert donné le 29 juillet 2022 au Grosses Festpielhaus à Salzbourg dans le cadre du Festival de Salzbourg.
Il Trittico - Giacomo Puccini (1858 - 1924)
Trois opéras en un acte créés le 14 décembre 1918 au New York Metropolitan Opera.
Nouvelle production, en co-production avec l'Opéra national de Paris.
Franz Welser Möst, direction
Orchestre Philharmonique de Vienne
Angelika Prokopp Summer Academy of the Vienna Philharmonic
Wolfgang Götz, chef de chœur
Salzburger Festspiele und Theater Kinderchor
Jörn Hinnerk Andresen, chef de chœur
Concert Association of the Vienna State Opera Chorus
Christof Loy, mise en scène
Etienne Pluss, décors
Barbara Drosihn, costumes
Fabrice Kebour, lumières
Yvonne Gebauer, dramaturgie
Première partie : Gianni Schicchi
Opéra-comique en un acte sur un livret de Giovacchino Forzano d'après un extrait de "La Divine Comédie" de Dante (1321).
Distribution :
Gianni Schicchi : Misha Kiria, baryton
Lauretta : Asmik Grigorian, soprano
Zita : Enkelejda Shkoza, contralto
Rinuccio : Alexey Neklyudov, ténor
Gherardo : Dean Power, ténor
Nella : Lavinia Bini, soprano
Betto di Signa : Manel Esteve Madrid, baryton
Simone : Scott Wilde, basse
Marco : Iurii Samoilov, baryton
La Ciesca : Caterina Piva, mezzo-soprano
Maestro Spinelloccio : Matteo Peirone, basse
Ser Amantio di Nicolao : Mikolaj Trabka, baryton
Pinellino : Aleksei Kulagin, basse
Guccio : Liam James Karai, baryton-basse
Argument :
Par Jean-Michel Brèque.
Nous sommes à Florence, le 1er septembre 1299, autour du lit du riche Buoso Donati qui vient de rendre le dernier soupir. Les nombreux parents du défunt feignent de se lamenter, mais en fait s'inquiètent d'une rumeur selon laquelle il aurait pu léguer tous ses biens à des moines. Le testament est-il chez le notaire, ou encore dans la maison, au fond de quelque tiroir ? Une recherche fiévreuse commence, et c'est le jeune Rinuccio qui découvre le parchemin. Arrêtant les autres, il demande pour récompense l'autorisation d'épouser Lauretta, la fille de Gianni Schicchi, ce qu'on lui accorde. Il les fait aussitôt chercher tous les deux.
La rumeur était fondée : tous les biens de Buoso vont aux moines. La consternation est générale, et on se demande comment remédier à cet état de choses. Rinuccio affirme que le rusé Gianni Schicchi peut les tirer d'affaire. A l'inverse de ses proches qui méprisent Schicchi pour ses origines paysannes, il fait un brillant éloge de tous ces gens du plat pays qui concourent à l'essor actuel de Florence.
Lauretta et son père sont arrivés. La vieille tante Zita déclare net qu'elle ne donnera pas son neveu à une sans-le-sou, et les deux amoureux se désespèrent. Schicchi, s'estimant offensé, veut partir, mais Rinuccio et sa fille le supplient de rester et de trouver une solution pour le testament. Schicchi a une idée. Il s'assure que personne n'a eu vent jusque-là de la mort de Buoso et fait porter son corps dans une autre pièce. Survient alors le Médecin de Buoso, qu'on rassure sur l'état de santé de son patient. Schicchi, caché par les rideaux du lit et imitant la voix de Buoso, le prie de revenir plus tard, puis explique son plan à la famille éberluée : il va prendre la place de Buoso dans son lit, et on va faire venir d'urgence le Notaire à qui il va dicter ses dernières volontés. Avant que celui-ci n'arrive, les "Héritiers" tâchent - difficilement - de se répartir les biens du défunt, tous cherchant en catimini à s'attirer les bonnes grâces de Schicchi qui se montre des plus obligeants. Mais il les met solennellement en garde : si la falsification était découverte, tous, sans exception, risqueraient l'amputation de la main et l'exil.
Le Notaire fait son entrée, s'apitoie, et Schicchi lui dicte ses volontés : des funérailles très modestes pour lui-même, cinq lires seulement aux Frères mineurs, et des lots de peu de valeur aux différents parents. Quant aux biens les plus importants : sa mule (la meilleure de Toscane), sa maison de Florence, et les moulins de Signa, il les laisse… à son dévoué ami Gianni Schicchi ! Les parents furieux veulent éclater, mais Schicchi leur rappelle à mots couverts les terribles sanctions qu'ils encourent.
Le Notaire parti, les parents se ruent sur le rusé compère, mais celui-ci les chasse de la maison qui est désormais la sienne. Seuls restent Rinuccio et Lauretta, qui sourient à leurs noces prochaines. Se tournant vers le public, Schicchi le prend alors à partie en lui demandant "si l'argent de Buoso pouvait mieux finir qu'ainsi !" Et poursuit : "Pour cette extravagance on m'a jeté en Enfer… ainsi soit-il ; mais […] si ce soir vous vous êtes divertis… accordez-moi... les circonstances atténuantes !".
© Avant-Scène Opéra
Deuxième partie : Il Tabarro
Opéra en un acte sur une livret de Giuseppi Adami d'après la pièce "La Houppelande" de Didier Gold (1910).
Distribution :
Michele : Roman Burdenko, baryton
Giorgetta : Asmik Grigorian, soprano
Luigi : Joshua Guerrero, ténor
Il Tinca : Andrea Giovannini, ténor
Il Talpa : Scott Wilde, basse
La Frugola : Enkelejda Shkoza, mezzo-soprano
Un Chansonnier / Un Amoureux : Dean Power, ténor
Un'amante : Martina Russomanno, soprano
Argument :
Par Rémy Campos.
La péniche de Michele est amarrée à l'un des quais de la Seine à Paris. Tandis que des débardeurs s'affairent, Giorgetta repousse les témoignages d'affection de son mari. Le propriétaire du bateau descend dans la cale et sa femme donne à boire aux travailleurs : Il Tinca (Le Goujon), Il Talpa (La Taupe) et le jeune et beau Luigi. Quand un orgue de Barbarie passe sur le quai, ce dernier fait danser la patronne qui s'abandonne avec langueur. Le retour de Michele met fin aux amusements. Le travail reprend. Michele annonce à sa femme que les trois hommes resteront à Paris quand la péniche reprendra sa route. Giorgetta semble contrariée de devoir laisser Luigi. Le soir tombe. Un marchand de musique ambulant passe, chantant l'histoire de Mimi, l'héroïne parisienne de La Bohème de Murger (et de Puccini...). Le couple de mariniers se déchire un peu plus pendant cet épisode.
La Frugola (La Furette) vient chercher son mari, Il Talpa. Elle discute avec Giorgetta de sa vie quotidienne, qu'elle occupe à récolter les objets devenus inutiles ou à admirer son chat Caporal. Au moment où les hommes s'apprêtent à quitter la péniche, leur travail terminé, Luigi se lance dans une tirade sur la médiocrité de leur condition d'ouvriers. La Frugola leur confie qu'elle rêve de s'installer à la campagne. Giorgetta, quant à elle, se contenterait de mettre pied à terre et de retrouver son Belleville natal. Elle entonne avec Luigi, qui est issu du même quartier, un hymne à leur faubourg commun.
Luigi prend prétexte d'une dernière chose à demander à Michele pour laisser ses collègues partir et demeurer seul avec Giorgetta. Les amants évoquent leur dernière nuit d'amour mais sont interrompus par Michele remontant de la cale. Luigi voudrait que son patron le descende jusqu'à Rouen où il pense trouver du travail. Michele l'en dissuade et entre dans la cabine. Luigi et Giorgetta fixent un nouveau rendez-vous nocturne sur la péniche : la jeune femme lui fera signe que la voie est libre en craquant une allumette. Luigi laisse éclater sa jalousie.
Michele revient sur le pont avec sur le bras sa houppelande. Il évoque avec nostalgie les jours heureux passés avec sa femme et leur enfant, mort depuis. Il la supplie de l'aimer à nouveau. Giorgetta est inflexible. A peine est-elle entrée dans la cabine que Michele lâche "La garce !". Le doute le tourmente en effet.
Un couple d'amoureux passe sur le quai, un clairon sonne l'extinction des feux dans le lointain.
Michele tente de découvrir avec qui Giorgetta le trompe. Lorsqu'il allume sa pipe, Luigi prend la lueur pour le signal attendu et monte sur la péniche. Le patron le saisit et lui fait avouer son amour adultère. Il l'étrangle et cache le corps sous son manteau. Giorgetta sort de la cabine, un brin repentante. Elle demande à Michele de la prendre dans ses bras. Celui-ci ouvre alors sa houppelande d'où s'échappe le cadavre de Luigi. Giorgetta pousse un cri, Michele l'empoigne et presse son visage contre celui de son amant mort.
© Avant-Scène Opéra
Troisième partie : Suor Angelica
Opéra en un acte sur un livret de Giovacchino Forzano.
Distribution :
Suor Angelica : Asmik Grigorian, soprano
La Zia Principessa : Karita Mattila, soprano
L'Abbesse : Hanna Schwarz, mezzo-soprano
La Sœur Zélatrice : Enkelejda Shkoza, mezzo-soprano
La Maitresse des Novices : Caterina Piva, mezzo-soprano
Sœur Genovieffa : Giulia Semenzato, soprano
Sœur Osmina : Martina Russomanno, soprano
Sœur Dolcina : Daryl Freedman, soprano
La Sœur Infirmière : Juliette Mars, mezzo-soprano
Prima Cercatrice : Lavinia Bini, soprano
Seconda Cercatrice : Alma Neuhaus, mezzo-soprano
Novice : Amira Elmadfa, soprano
Argument :
Par Jean-François Boukobza.
L'action est située dans un couvent italien, vers la fin du XVIIe siècle.
La Sœur zélatrice, après avoir réprimandé deux Sœurs converses qui ont manqué la prière du soir, permet aux religieuses de prendre quelque récréation. Sœur Genovieffa profite de l'occasion pour attirer l'attention de ses compagnes sur un rayon de soleil tardif qui éclaire de façon singulière le couvent couvrant notamment d'or la fontaine. Trois fois par an, cet étrange "signe de la Vierge" se produit, rappelant aux Sœurs à la fois le temps qui passe et leurs compagnes disparues au cours de l'année écoulée.
"La mort est le plus beau temps de la vie", chante avec passion et mystère sœur Angelica après avoir rappelé que les désirs sont les fleurs des vivants et "qu'ils ne fleurissent pas au royaume des morts". Bien qu'il soit interdit aux Sœurs d'avoir des désirs, ceux-ci sont pourtant au cœur des conversations : désirs purs et innocents de sœur Genovieffa, péché de gourmandise de la frivole Dolcina. Seule sœur Angelica, prétend n'avoir aucun désir, mais chacun sait qu'elle ment : en réalité, elle attend ardemment des nouvelles de sa famille, issue de la haute noblesse. Depuis son entrée au couvent, sept ans auparavant, elle n'a reçu en effet ni nouvelle, ni visite, ni lettre des siens. Elle parait résignée mais est en réalité très tourmentée ; ses compagnes apprécient néanmoins son dévouement et sa bonté, comme sa connaissance des plantes qui en fait une infirmière très respectée.
Deux Sœurs quêteuses font leur entrée, conduisant un petit baudet chargé de provisions. Pendant qu'elles remettent les aumônes à la Sœur économe, l'une annonce qu'une visite aura bientôt lieu : une somptueuse berline s'est arrêtée devant la porte. La nouvelle émeut profondément Angelica, qui croit avoir reconnu la voiture. L'Abbesse apaise bientôt son anxiété : la visite est pour elle : c'est sa tante, la Princesse, qui est annoncée.
Lorsque celle-ci entre, Angelica va à sa rencontre, mais la vieille dame tend la main gauche, comme pour signifier qu'elle n'accorde que le geste soumis du baisemain. La tante est seulement venue demander à sa nièce de renoncer à sa part d'héritage. Celle-ci cherche à obtenir quelque signe d'affection de la part de sa parente, mais en vain : n'a-t-elle pas déshonoré le nom de la famille en donnant le jour à un enfant conçu au cours d'une liaison illégitime ? La religieuse implore la tante de lui donner des nouvelles de son fils. Avec froideur et cruauté, la vieille femme annonce que, deux ans plus tôt, l'enfant est tombé gravement malade et qu'il n'a pu être sauvé. Angelica s'effondre. Insensible, la tante tend à sa nièce la lettre officielle de renonciation à l'héritage afin qu'elle la signe.
La Princesse partie, soeur Angelica, au comble du désespoir, prie pour son enfant puis décide de mettre fin à ses jours : ainsi, enfin, pourra-t-elle rejoindre son fils au Ciel. Après avoir préparé un breuvage empoisonné et chanté un court adieu aux Soeurs, elle embrasse avec exaltation la croix puis boit le poison. Le geste de suicide accompli semble la fazire sortir de l'état de transe dans lequel elle se trouvait : elle réalise avec terreur qu'en mettant fin à sa vie elle vient de commettre une faute grave et va mourir en état de péché. Elle implore la Vierge de lui donner un signe de grâce. Le miracle s'accomplit : l'église s'emplit de lumière ; les portes s'ouvrent et la Vierge elle-même apparait. Devant elle se tient un enfant, qui pas à pas, s'approche de la religieuse mourante.
© Avant-Scène Opéra