Il est une photo célèbre de Lee Miller qui transpire la liberté, l’amitié et le sexe. Elle s’appelle Pic Nic. On y voit Paul Eluard et sa femme Nush, Man Ray et sa compagne Ady Fidelin. Roland Penrose est assis en face du siège vide de Lee Miller qui s’est levée pour immortaliser le moment. Ils ont rejoint Picasso et Dora Maar du côté d’Antibes.
C’était l’été 1937. Lee Miller, l’américaine, est revenue en France parmi les artistes pour la première fois depuis 1932. En 1929, cette jeune fille de bonne famille était venue à Paris chercher sa voie. Aux États-Unis, sa beauté avait fait d’elle un mannequin de Vogue, une beauté de New York, mais elle rêvait de passer de l’autre côté de l’objectif. Elle se présenta à l’atelier de Man Ray à Paris, et devint son élève. S’en suivirent quatre années d’apprentissage et une liaison tumultueuse. Elle en ressortit photographe, artiste, et indépendante financièrement.
En 1932, elle repartit à New York où elle ouvrit son studio. Elle y expose ses photos, et son travail est reconnu. Elle se marie à un homme d'affaire, Aziz Elouy Bey, et elle s'installe au Caire. Ce voyage en Égypte a construit sa vision singulière du monde. Libérée des préjugés de classes, d’ethnies et de races, cette période a conditionné toute son œuvre photographique. Mais très vite, elle fut rattrapée par ce qu'elle appelait l'ennui.
L'été 1937, le dernier été avant la guerre
À l’été 1937, elle s’offrit des vacances en France. Nous revoici sur la plage de la Garoupe. Elle y rencontre le poète anglais Roland Penrose. C'est le coup de foudre, instantanément. Ils passent tout l'été ensemble, et les années qui s'ensuivent. La vie est belle sur la photo Pic Nic. Pourtant Picasso vient de peindre Guernica. L’ombre de la guerre plane sur l’Europe, de plus en plus inéluctable, tandis que Lee Miller cherche sa place. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, elle rentre aux États-Unis, et devient, sans le vouloir, photographe de guerre pour le magazine Vogue.
Deuxième épisode avec :
Antony Penrose, fils de Lee Miller, et directeur des archives Lee Miller Archive et de la collection Penrose, à Farley Farm House, auteur de Les vies de Lee Miller, aux éditions Arléa.
Hillary Roberts , conservatrice au département de la photographie de l’Impérial War Museum, autrice de Lee Miller, A Woman’s war, aux éditions Thames & Hudson.
Sylvain Roumette, documentariste, réalisateur de Lee Miller ou la traversée du miroir.
Avec les voix de Evelyne Guimmara ; Laurent Lederer ; Clara Chabalier et Joachim Salinger.
L'exposition Lee Miller, photographe professionnelle (1932-1945) est à voir aux Rencontres de la photographie d'Arles, du 4 juillet au 25 septembre.
Une Grande Traversée signée Judith Perrignon, et réalisée par Gaël Gillon.
Prise de son : Andreas Jaffré. Mixage : Guillaume Ledu. Traductions : Jeanne Guérout et Céleste Karlin. Coordination : Christine Bernard.
En partenariat avec le magazine Madame Figaro
