Un détachement à géométrie variable
La notion de détachement, qui n’allait déjà pas de soi à l’époque des stoïciens, est vaste et prend des formes très différentes selon les écoles. « Le stoïcisme est plutôt un héritier de Socrate et du cynisme qui prône un détachement non seulement des émotions mais aussi des richesses matérielles. La grande confiance dans le jugement provient de l’idée que nos émotions résultent de nos jugements. Ce ne sont pas les choses en elles-mêmes qui nous nous font du mal, mais ce sont nos jugements à propos de ces choses, c’est-à-dire, de les ressentir émotionnellement comme des maux. » Jean-Baptiste Gourinat
Une pratique au long cours
Les principes épicuriens constituent une sorte de pharmacie de poche, « qui peut certes s’utiliser dans les moments d’angoisse, mais qui implique une pratique, car il faut s’entrainer à changer ses représentations et s’y accoutumer pour elles engagent une transformation intérieure. On peut rationaliser notre représentation de la mort, en estimant par exemple qu'elle n’est rien pour nous et qu'il ne faut pas la craindre, comme l'écrit Epicure dans sa Lettre à Ménécée. » Etienne Helmer
Un bonheur inconditionnel, envers et contre tout ?
Contre les idées reçues, le bonheur stoïcien ne dépend pas uniquement de nous. « Il faut que les conditions extérieures viennent avec, on ne peut pas en faire complétement abstraction. Il y a un débat qui traverse toute l’antiquité après Aristote. Est-ce qu’on doit aussi tenir compte des biens extérieurs ? On reprochait aux stoïciens de jouer avec les mots lorsqu’il disaient qu’il est préférable d’être riche et en bonne santé que pauvre et malade, mais que ce ne sont pas à proprement parler des biens. » Jean-Baptiste Gourinat
Avec les autres, c'est encore mieux
La philia est fondamentale dans la pratique éthique de l’épicurisme : « Cette ascèse autour du bonheur consistant à réformer ses opinions se fait dans un cadre communautaire qui est celui du Jardin, une école très hiérarchisée, dans laquelle l’ami est celui qui m’offre une sécurité, car il me permet d’atteindre une certaine émulation et de ne pas perdre le cap. » Etienne Helmer
Bibliographie
- Jean-Baptiste Gourinat, Le stoïcisme, que sais-je, 2017
- Jean-Baptiste Gourinat, Les stoïciens et l'âme, Vrin, 2017
- Etienne Helmer, épicure ou l'économie du bonheur, le passager clandestin, 2013
- Etienne Helmer, Le dernier des hommes. Figures du mendiant en Grèce ancienne, le félin, 2015
- Etienne Helmer, Richesse et pauvreté chez les philosophes de l'antiquité, Vrin, 2016
Références sonores
- Angèle, Tout oublier, 2018
- Marcel Conche lors d'un entretien pour le site e-ostadelahi, le 13 juin 2010
- Marc Aurèle, Pensées pour moi-même, Livre IV, 49 (rédigées entre 170 et 180 apr. J.C)
- Eva Illouz lors d’un entretien pour la librairie Mollat, le 25 mai 2019
- Épicure, Lettre à Ménécée, trad. d'Octave Hamelin publiée dans la Revue de Métaphysique et de Morale, 18, 1910
- Aristote, Ethique à Nicomaque, trad. J. Tricot, I, 2 - 9
- Barbara, Le mal de vivre, 1965
