Un proverbe célèbre nous dit que l'erreur est humaine. " Errare humanum est", il ajoute, nous l'oublions souvent, "perseverare diabolicum" : "L'erreur est humaine, persévérer [dans son erreur] est diabolique". Pourquoi cette persévérance serait-elle grave alors que l'erreur elle-même serait au contraire non seulement pardonnable mais essentielle - une instruction qui nous révèle une dimension profonde de la vie humaine, dans le savoir comme dans la morale, et même dans la politique.
Qu'est-ce donc qu'une erreur ?
Pourquoi est-elle au cœur de l'humain et même au cœur de la vie ? L'erreur est au fond, une faute, par exemple épistémologique, un calcul qui tombe mal, une expérience qui infirme une théorie, c'est-à-dire un fait qui vient contredire une théorie préalable, et justement, dans la recherche de ce savoir général, d'une vérité générale. Et donc, une erreur est toujours prise dans la recherche d'une norme, est toujours une contradiction dans quelque chose qu'on cherche à savoir ou à vérifier. C'est pourquoi, l'erreur est si proche de l'essai, et c'est pourquoi on dit que la science expérimentale procède par essais et erreurs. Il faut donc se rendre compte de l'erreur pour qu'elle existe, en prendre conscience, et l'intégrer à la recherche d'un savoir, mais elle est pour certains - les empiristes - inévitable si nous ne disposons pas au départ d'une théorie parfaite. Voilà pourquoi, elle est au coeur du vivant et le grand philosophe de la vie, Georges Canguilhem en a même fait l'essence du vivant (...),
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