L’obsession de l’anticommunisme est présente dans tous les régimes autoritaires européens du XXe siècle, de l’Italie fasciste au Portugal de Salazar, mais aussi dans l’Espagne de Franco et la Hongrie du régent Horthy.
On retrouve aussi à chaque fois l’exaltation d’un glorieux passé, antique, pour les uns, colonial pour les autres, une grandeur perdue qu’il faudrait à tout prix ressusciter.
Une exaltation du passé qui, comme l’explique Christina Koulouri en évoquant la dictature des colonels en Grèce, reste sélective : “Le nationalisme n'est jamais cohérent et il n'est pas rationnel. Donc c'est surtout l'élément irrationnel qui caractérise le nationalisme en général, et pas seulement en Grèce. Il y a eu une exaltation de la Grèce antique, oui, mais pas de la démocratie et pas des textes anciens qui étaient en faveur d'Athènes, puisque pour les dictateurs, c'était surtout Sparte qu’il fallait mettre en avant.”
Le nationalisme, l’antiparlementarisme, l’importance accordée aux racines chrétiennes, l’idéalisation du monde rural caractérisent également ces régimes. Le retour à un ordre ancien en somme, associée à la création de l’homme nouveau, cher à Mussolini.
L’historienne Marie-Anne Matard Bonucci évoque ainsi le fascisme italien : “Le fascisme italien est un régime nationaliste qui veut mettre en place une forme de totalitarisme, c’est-à-dire qui vise à transformer en profondeur la société pour forger un homme nouveau. Nouveau, mais sur la base de valeurs éminemment traditionnelles qui sont celles précisément du nationalisme, c’est-à-dire ordre, discipline, hiérarchie. Et ces valeurs sont aussi des valeurs qui sont aux antipodes des Lumières. Le fascisme prend le contre-pied systématiquement du principe d'égalité, de l'idée de démocratie et également du principe de liberté”.
Un documentaire de Kristel Le Pollotec, réalisé par François Teste.
Avec :
- Joelle Dalegre, maîtresse de conférences HDR à l’Inalco, spécialiste de la Grèce
- Costa-Gavras , réalisateur
- Christina Koulouri, rectrice de l’université Panteion à Athènes
- Yves Leonard, historien spécialiste du Portugal
- Amelie Nuq, maîtresse de conférences en histoire contemporaine, spécialiste de l’Espagne
- Marie-Anne Matard-Bonucci, professeure d’Histoire contemporaine, spécialiste du fascisme italien
- Didier Musiedlak, historien spécialiste du fascisme italien
- Dimitris Christoulakis, Mavri Vavagianni, Laokrattia Lakka, témoins, vivants à Athènes
