Tous ceux qui admirent leur système parlementaire, à commencer par les Britanniques eux-mêmes, sont abasourdis tant la crise est spectaculaire. Liz Truss, la première ministre démissionnaire qui se voyait en nouvelle Margaret Thatcher, aura tenu six petites semaines. Six semaines de chaos où elle a accumulé les erreurs et les virages sur l’aile, incapable de maintenir la cohésion de son gouvernement et encore moins celle du parti conservateur, mettant en péril les finances et la crédibilité du royaume. Une fois de plus, le parti va changer de leader sans retourner devant les électeurs. 3 premiers ministres en un an, 5 en 6 ans… David Cameron, Teresa May, Boris Johnson - avec ce dernier surtout, on pensait avoir tout vu en matière de versatilité, on se trompait. Qui va prendre la suite ? Un nouveau scrutin interne en décidera d’ici la fin de la semaine prochaine. La course aux parrainages est lancée au sein d’une famille politique plus divisée que jamais. Rishi Sunak, l’ancien ministre des Finances, semble tenir la corde, mais BoJo, Boris Johnson rêve d’un retour spectaculaire. Est-ce envisageable après tant de scandales ?
L’opposition travailliste, en forte hausse dans les sondages, exige l’organisation d’élections générales. Peut-elle obtenir gain de cause ? Le contexte économique et social est sombre. L’inflation dépasse les 10 %, les factures d’électricité ont doublé, le système hospitalier s’englue, le climat social reste tendu avec des grèves à répétition dans plusieurs secteurs, le tout aggravé par les déceptions du Brexit et l’isolement de la Grande-Bretagne.
Comment redonner vigueur et légitimité au système politique, comment rendre l’espoir à des Britanniques fortement appauvris - ceux-là mêmes qui ont fait montre d’une telle unité en défilant des heures durant pour honorer leur reine défunte - alors que les fractures sociales et régionales ne cessent de s’aggraver ?
Comment rétablir la stabilité d’un grand pays européen qui est aussi un partenaire clé du soutien à l’Ukraine ?