Début des années 60 : Gisèle défend Djamila Boupacha, militante du FLN, violée par les parachutistes français dans l’Algérie coloniale. Elle obtient le soutien de Simone de Beauvoir, son idole. L'affaire Djamila va la pousser vers la voie de son propre destin : “La lettre me disait qu’elle avait été torturée ; mais Djamila ne l’a pas dit tout de suite. Elle était silencieuse. Et puis, il y a eu un terrible moment où elle a déboutonné sa blouse. Elle m’a montré ses seins, tout troués, de cigarettes incandescentes. Puis j’ai vu ces chevilles complètement bleues et noire" relate Gisèle Halimi.
Des procès qui accusaient la France, Gisèle en a déjà fait : en Tunisie, puis en Algérie. Jamais sur le sol français. C’est l’occasion de faire entendre ce qui se passe vraiment en Algérie.
La défense de Gisèle Halimi est spécifique et novatrice, puisque c'est au delà de la mise en accusation de la torture, le fait qu'elle va ouvertement parler du viol, mettre en avant cette pratique en ayant recours à des expertises gynécologiques... Il y a un avant et un après de la violation faite au corps colonisé, au corps de la femme en Algérie. (Marie-Pierre Ulloa) historienne.
Ce procès, c’est le procès de tous. De toutes les oppressions. L’oppression coloniale, l’oppression sur les femmes... C’est l’oppression commise par une justice qui ne fait pas son travail. (Michelle Perrot)
Comme emportée par ses combats, Gisèle Halimi trouvera en Simone de Beauvoir, une véritable alliée. Elles mèneront ensemble cette bataille, et bien d'autres encore par la suite...
Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir, qui sont les figures du féminisme des figures du féminisme en France, vont vers Djamila Boupacha… J'ai la faiblesse de croire que c'est comme un signe dans cette rencontre entre elles, entre les femmes et la résistance en Algérie. (Wassyla Tamzali)
C’est durant cette période qu’elle rencontrera Claude Faux. En 1964, ils auront un enfant, Emmanuel. Pendant 56 ans, jusqu’à sa mort, il restera à ses côtés, la soutenant dans tous ses combats, jouant le rôle que tant de femmes effacées par l’histoire ont joué auprès de tant de grands hommes.
Mon père était un homme qui a beaucoup compté, c'est qu'il a été un homme de l'ombre, au meilleur sens du terme, c'est-à-dire qu'il a très vite compris comment il pouvait être un compagnon de route… (Emmanuel Faux, fils de Gisèle Halimi)
Lecture de texte : Françoise Gillard
Prise de son : Stéphane Beaufils, Romain Luquiens, Nicolas Mathias, Pierre Henry et Nicolas Depras Graf
Mixage : Bernard Laniel
Archive INA : Haude Vincent
Documentation : Annelise Signoret
Avec la collaboration de : Mariam Ibrahim
Bibliographie :
- Gisèle Halimi, "Le lait de l'oranger", Ed. Gallimard, 1988.
- Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi, Ed. Gallimard, 1962.