Syracuse

Trop âgé pour passer les concours, et alors qu’il travaille toujours pour le Festival d’automne, Christian Schiaretti entre comme candidat libre au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Il s’y trouve encore et toujours confronté à ses origines populaires, et s’y sent souvent isolé. 

Dans l'illégitimité il y a deux axes : extérieur et intérieur. L'illégitimité extérieure, celle où vous devez percer le réseau des connivences oppressives, lorsqu'on vient d'un milieu comme le mien, vous avez toujours un peu le sentiment d'être un escroc et de ne pas avoir le droit. Et puis,  il y a la question intérieure qui vous est propre, qui est toujours vouloir être plus que vous êtes, c'est d'être dans l'excès.

Le jeu par l'expression poétique

Il y fait pourtant des rencontres fondamentales: Claude Régy, Jacques Lassalle, Antoine Vitez sont ses professeurs. Il réalise qu’il n’a finalement peut-être pas tant de talent pour le jeu, et qu’il produit souvent malgré lui une impression comique. C’est pour lui un moment de réflexion sur le jeu, l’acteur, et son rapport au texte.  

L'enseignement d'Antoine Vitez a sans doute créé chez moi une flamme, une réconciliation avec toute cette espèce de background littéraire et puissamment poétique qui était le mien.

L'écriture scénique

Fort de sa double formation - celle institutionnelle du conservatoire, et celle qu’il a apprise sur le tas en étant l’homme à tout faire du Festival d’automne, il est à sa sortie au début des années 80 un parfait assistant à la mise en scène. En 1983, on lui offre l’opportunité de monter un premier spectacle avec le reliquat d’une production pour laquelle il a travaillé à Paris. Il décide de mettre en scène un texte de Philippe Minyana, alors jeune auteur, avec entre autres la comédienne Agathe Alexis, dans un petit théâtre baptisée l’Atalante, à côté du Théâtre de l’Atelier. La salle minuscule est pleine tous les soirs, les critiques dans la presse sont bonnes, cette première expérience est un franc succès: Christian Schiaretti est le nouveau jeune metteur en scène à la mode. 

Ce texte je le présente comme étant un témoignage intellectuel, une réflexion intellectuelle pratiquée dans les pieds d'un texte, qui me semble en résonance avec une actualité présente, que moi même je mets à distance et que je critique. Voilà, c'est tout ce que je fais, et ça a un succès d'estime. 

Une série d'entretiens proposée par Lucile Commeaux, réalisée par Franck Lilin. Prise de son : Georges Thô. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.

Bibliographie 

Christian Schiaretti, Pour en finir avec les créateurs, Atlande, 2014.

Liens

• Son discours d’inauguration du TNP en 2011 
• La Masterclasse de Christian Schiaretti, animée par Aude Lavigne, en 2020, France Culture
• Un grand entretien donné à Erudit 

Pour aller plus loin sur le théâtre populaire

• Une série de micro-fictions de France Culture 
• Sur l’histoire du TNP