Reconduite en 2020 à la tête du théâtre de La Commune, nous interrogeons Marie-José Malis sur la mission, le mode de fonctionnement des Centres Dramatiques Nationaux. Qu'ont changé à sa manière de voir le théâtre, de le penser et de l'aborder, les six années déjà passées à la tête du CDN qu'est La Commune ? C'est l'une des questions à laquelle elle répond dans le dernier volet de son "À voix nue".
A La Commune, on fait un théâtre très situé, qui s'adresse à sa population, qui part de sa population, qui travaille avec la population, qui recueille les aspirations de la population. C'est à mon avis l'avenir du théâtre.
"La Commune c'est comme une centrifugeuse entièrement portée par l'amitié artistique"
Il y a quelques années elle prétendait que la mise en scène ne l’intéressait pas beaucoup. Provocation, posture, voire coquetterie ? Ou manière de dire une forme d'impossibilité de la mise scène dans le moment où nous sommes du théâtre ? Là où nous en sommes aujourd'hui avec le théâtre, là où en est le théâtre… sur ces questionnements, Marie-José Malis nous fait partager ses réflexions. Dans sa quête d'un absolu de l'art dramatique, elle croit à une forme de pureté du théâtre et cherche à atteindre, peut-être, ce qu'il a encore de sacré.
Pour moi le théâtre est toujours symétrique à la situation de la politique. Quand la politique se remet à bouger le théâtre se remet à bouger aussi. Aujourd'hui on voit beaucoup de jeunes revenir vers le théâtre. Ils apprécient et découvrent que le théâtre est une puissance d'expression, une possibilité de s'adresser à son époque.
Parmi ses souvenirs les plus marquants de spectatrice, parmi les metteurs en scène qui sont pour elle des références, vient le nom de Klaus Michael Grüber. Lui disait : "le metteur en scène est un homme qui parle de la beauté". Marie-José Malis ajoute : "Moi je lie la beauté à la question de la justice". Se disant davantage directrice d’acteurs que metteur en scène, qu'entend-elle par "transfert de pensée" à propos de la direction d'acteur ?
Par sa manière de vivre le théâtre, en recherchant une voie vers d'autres relations à la création et au spectacle, par son refus de céder le moindre terrain sur ces questions, Marie-José Malis se sait, sans amertume, minoritaire. "J'aime le théâtre qui est l'objet d'une décision" dit-elle.
Une série d'entretiens proposée par Albane Penaranda. Réalisation : Guillaume Baldy. Prise de son : Yann Fressy. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.
Liens
Site de La Commune - Aubervilliers
Entretien avec Marie-José Malis suite au débat "La place de la culture dans le contrat social" organisé par La Maison Professionnelle du Spectacle Vivant avec La Scène le 10 juillet 2017 au Festival d'Avignon
Bibliographie
Marie-José Malis, Hölderlin à New York, Editions du Cerf, 2019.
Marie-José Malis, Changer le monde par le théâtre, entretien réalisé par Laure Adler, Editions universitaires d'Avignon, 2016.
