Jacques Bérès s'autoqualifie de "dinosaure de l'humanitaire" et il est le "docteur trompe-la-mort" pour Bernard Kouchner. Autant de qualificatifs qui témoignent de l'exercice de la médecine en terrain de guerre. Le chirurgien d'exception explique la naissance de son amour pour la médecine.
Un parcours semé d'embûches
Jacques Bérès se remémore avec amertume la fin de ses études à Louis le Grand puisqu'il n'a même pas pu tenter le concours de Normale Sup, faute à ses résultats en deçà du niveau attendu, "je n'avais aucune chance." À la place, sur les conseils d'une bonne amie, il tente le concours du SPCN (sciences physiques, chimie, histoire naturelle), un équivalent du PCB (physique, chimie, biologie). Finalement inscrit, il connait quelques déconvenues, obtenant notamment la note de 0.5/20. Il parvient à s'inscrire en études de médecine après avoir "bachoté tout l'été."
Il se découvre aussi une âme de militant, notamment pour Socialisme ou barbarie.
Saïgon dans les années 1960
À 26 ans, Jacques Bérès travaille dans un hôpital à Saïgon, au Vietnam. Il ne se retrouve pas tout seul au bout du monde puisqu'il est accompagné de l'un de ses amis de Louis le Grand. Le médecin explore un Saïgon paisible et charmant avec "club sportif, piscine, tennis, les pousse-pousse, la gastronomie vietnamienne et les petites vietnamiennes, jolies comme tout. Elles parlaient français mieux que moi."
Le tournant a lieu le 30 janvier 1968 alors que le chirurgien assiste aux combats de l'offensive du Têt. Étant le seul médecin présent sur place, Jacques Bérès doit alors prendre en charge les blessés. C'est sa première expérience de guerre. Il se rappelle : "Le matin de l’offensive du Têt, je reçois un coup de fil d’un copain de l’hôpital de Cholon qui me demande : comment ça va chez toi ? Je dis, ça va, merci ! Soleil, chaise longue, je fume ma clope. De l’autre côté de l’appareil, j'entends : ici, c'est l’enfer. On a des blessés, il y a du sang partout, on n’a plus d’antibiotiques, ni de sang pour les transfusions. C’est la fin du monde ! Est-ce que tu peux prendre des blessés ?"
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