Né à Paris en 1941, Jacques Bérès a effectué plus de cent soixante déplacements sur des zones de guerre. Cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde, il opère les plus démunis depuis un demi-siècle et s’impose une seule règle : "Quelqu'un est blessé, je le soigne."
La trajectoire de Jacques Bérès est traversée par des catastrophes naturelles et par de nombreux conflits ayant eu lieu dans le monde, notamment au Congo, au Tchad, au Soudan, en Syrie, en Irak, au Vietnam, au Liberia, au Rwanda, en Tchétchénie, en Libye, dans la bande de Gaza, au Bangladesh…
Soulager la souffrance tout en essayant de dénoncer l’injustice, voilà le credo de ce chirurgien de guerre par excellence.
Il revient ici sur les différents éléments de sa jeunesse qui ont façonné son rapport aux autres, notamment son manque de confiance en lui et le déclenchement des comportements d'auto sabotage. "J'étais quelqu'un que l'on devait abandonner."
"Champion du monde de l'abandon"
Le médecin a connu plusieurs fois au cours de son existence la douleur de l'abandon. Il subit tout d'abord la séparation avec ses parents pendant la guerre. Il doit alors vivre avec sa marraine, Colette. Pourtant, Jacques Bérès se sent à nouveau abandonner lorsqu'une fois réuni avec ses parents, ces derniers divorcent. Il témoigne : "Si on parle de l’abandon, ce n’est pas pour faire pleurer dans les chaumières et parce que j’ai envie de pleurnicher. C’est parce que ça a eu des conséquences très importantes sur mon développement personnel. Ça m’a donné pendant longtemps l’idée, d’abord obscure et après assez claire dans ma tête, que je ne valais rien."
"La khâgne du siècle"
C'est en 1958 que Jacques Bérès fait son entrée en hypokhâgne au lycée Louis le Grand. Il est entouré des fils des secrétaires du Parti communiste français, Régis Debray, Étienne Balibar, et Paul Thorez. Cette époque représente aux yeux du chirurgien "la khâgne du siècle." Avant son arrivée à Louis le Grand, le futur médecin a été renvoyé une dizaine de fois des divers établissements où il étudiait. Avec du recul, il estime que sa précocité lui a joué des tours. Il se souvient : "on m'a fait passer devant des psys qui ont trouvé que j'avais un QI topissime, juste au-dessus de Napoléon !" Alors qu'il a assimilé le cours plus rapidement que ses camarades, Jacques Bérès s'ennuie. Il s'amuse ainsi à chahuter en classe, pour passer le temps.
C'est lorsqu'il intègre Louis le Grand qu'il observe le contraste. "Les gens chahutaient et étaient intelligents." C'est aussi à ce moment-là qu'il constate son retard sur ses "camarades intelligents" et s'efforce de le rattraper. Pourtant, son esprit espiègle continue de le travailler et il sera finalement renvoyé à plusieurs reprises. "Nous affections de dormir pendant les cours de philosophie de Merleau-Ponty."
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