Syracuse

Philippe Descola, anthropologue et professeur au Collège de France et Catherine Clément, philosophe, romancière et essayiste sont les invités de Nicolas Demorand.

Catherine Clément garde le souvenir d'une jeune femme à la voix douce, tout comme Philippe Descola : "Elle avait une voix enfantine avec laquelle elle disait des choses avec une grande fermeté, une grande conviction." 

La pensée de Françoise sans sa maladie, ce ne serait pas la même chose

"Il faut savoir dans quelques conditions elle a pensé et travaillé", explique la philosophe. Françoise Héritier était atteinte d'une maladie auto-immune ce qui signifie un traitement très lourd  : n**" 30 ou 40 ans sous cortisone, c'est 3 ou 4 AVC par an.... La pensée de Françoise sans sa maladie, ce ne serait pas la même chose."**

Elle travaillait sur la valence différentielle des sexes, "un slogan un peu compliqué pour une manifestation féministe" disait Françoise Héritier. 

Mais son combat ce n'était pas seulement le féminisme, explique Catherine Clément. "Lorsqu'elle était présidente du conseil national du sida, il n'y avait pas de confidentialité des prisonniers malades du sida. C'est à elle qu'on le doit. Elle trouvait l'articulation qu'il fallait toucher pour faire bouger les choses", ajoute Catherine Clément. 

Françoise Héritier a théorisé les systèmes semi-complexes de parenté qu'elle a modélisé en se servant d'outils informatiques. "La justification des interdictions était fondée sur le cumul de substances : le lait, le sperme, le sang... Cette nouvelle piste de réflexion l'a portée aux inégalités visibles dans les rapports entre hommes et femmes fondées sur des inégalités dites physiques. Et que partout dans le monde, ces oppositions servent de critères discriminants pour maintenir les femmes dans une position de sujétion".