Mai 1964, François-Régis Bastide et Michel Polac sont entourés des critiques Robert Benayoun, Pierre Billard, Georges Charensol, Pierre Marcabru et Georges Sadoul, pour un "Masque et la Plume" consacré au cinéma. Parmi les films débattus ce soir-là : La Peau douce de François Truffaut.
La Peau douce ne fait pas l’unanimité des critiques : certains se désolent de ne pas aimer ce film du réalisateur phare de la Nouvelle Vague. Robert Benayoun n’aime pas beaucoup : "Je trouve des défauts dans la psychologie des personnages, leurs liens semblent distendus, et le personnage de Desailly parait invraisemblable, d’une autre époque, sentencieux, désuet. "
Psychologie ou sensibilité ?
Pierre Marcabru a une opinion nuancée : "Il y a deux éléments à mon avis dans ce film, un sujet et son traitement. Le sujet est mélodramatique, proche du théâtre traditionnel, mais il faut voir aussi le traitement de ce sujet, qui est tout autre chose. Ce n'est pas un film qui a des intentions psychologiques, c'est un film de sensibilités."
Georges Charensol est désolé de ne pas aimer : "Ici, Truffaut n’a absolument rien à dire… Mais il le dit d’une façon absolument parfaite, à la limite du formalisme, de l’académisme d’un Jean Delannoy."
Georges Sadoul, lui, aime beaucoup : "C’est un film qui traite des rapports entre des personnages qui ont chacun leur existence, rapports traduits d’une façon excellente par des détails."
Pierre Billard aime lui aussi beaucoup : "Ce n’est pas un mélodrame, Truffaut refuse de juger ou de condamner moralement ses personnages, laissant flotter cette ambiguïté fondamentale qui est quand même la vie."
