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Mstislav Rostropovitch, l'archet indomptable
Entrelaçant archives rares et témoignages de ses proches, Bruno Monsaingeon compose un ample portrait du plus grand violoncelliste du XXe siècle, également célébré pour son engagement en faveur de la liberté.
Né en 1927 à Bakou, d'une mère pianiste et d'un père violoncelliste formé auprès de Pablo Casals, Mstislav Rostropovitch a baigné dans la musique dès son plus jeune âge. Accédant à la renommée mondiale après-guerre, il fait partie des rares artistes russes autorisés à se produire aux États-Unis. Il refuse pourtant de renier Prokofiev et Chostakovitch, ses "idoles", mis au banc par Staline. Lorsqu'il prend publiquement la défense de l'écrivain Alexandre Soljenitsyne, en 1969, les autorités se montrent moins clémentes : interdits, en représailles, de concerts à l'étranger et dans les grandes villes, Rostropovitch et sa femme, la soprano Galina Vichnevskaïa, s'engagent, en 1974, sur le douloureux chemin de l'exil. Déchus de leur nationalité quatre ans plus tard, il leur faudra attendre l'effondrement du bloc soviétique pour revoir Moscou.
Apport inestimable
Auteur d'un documentaire de référence sur Yehudi Menuhin (Le violon du siècle - Album souvenir), Bruno Monsaingeon s'attache ici à la trajectoire du violoncelliste apatride, également pianiste, chef d'orchestre et pédagogue hors pair, disparu il y a dix ans. Mêlant témoignages de ses proches - ses deux filles, la femme et l'un des fils de Soljenitsyne... - et archives rares, dans lesquelles transparaissent à la fois son extraordinaire virtuosité et son charisme irrésistible, ce portrait ample et délicat rend hommage à celui qui, armé de son "indomptable archet", selon les mots de l'écrivain dissident, a conjugué combats politiques et apport inestimable à la musique en incitant les grands compositeurs de son temps à écrire pour son instrument.