0 avis
Danbé, la tête haute
Paris, 1986. Fille d’immigrés maliens, Aya, 8 ans, mène une vie heureuse, entourée de ses parents et de ses frères et sœurs, dans un petit appartement de Ménilmontant. Tout bascule une nuit de novembre, quand son père et sa petite sœur disparaissent dans un incendie criminel. Onze mois plus tard, son petit frère Moussa est à son tour emporté par une méningite. Alors que les anciens de la communauté prédisent le pire à la jeune veuve si elle ne rentre pas au pays, sa mère Massiré se bat pour élever ses enfants et obtenir réparation. Petite fille curieuse, Aya, elle, découvre la boxe, exutoire à sa rage de vivre...
Amour/opposition
Librement inspiré de l’ouvrage Danbé ("dignité" en bambara) d’Aya Cissoko et Marie Desplechin, ce téléfilm met en scène le parcours de deux héroïnes, déchirées entre rage et espoir, dans une cité de Ménilmontant. Mère courage puisant sa force dans son intégrité, Massiré (très juste Tatiana Rojo) tente pendant des années d’obtenir réparation du drame qu’elle a subi, sans maîtriser les codes de l’administration. Avec sa fière détermination et son sens de la justice pour seules armes, Massiré exige aussi beaucoup de ses enfants, à raison et à tort. Petite fille puis adolescente en amour et en opposition avec elle, Aya, animée par un mélange de vitalité et d’intelligence, commence à trouver sa voie sur le ring, tremplin pour conquérir sa liberté et affirmer son identité. Douée, elle collectionne les titres (en boxe française puis anglaise), sous le regard chaleureux de son entraîneur, jusqu’à être sacrée championne du monde. Alors contrainte de déposer les gants, Aya rebondit encore et intègre Sciences Po. Au plus près de ces deux figures féminines, Bourlem Guerdjou a la délicatesse de ne pas se laisser écraser par elles et de les confronter avec tendresse à leur complexité, en évitant l’écueil de la leçon d’exemplarité. D’où l’humanité poignante de son film, primé à La Rochelle.