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Femmes sans enfant, femmes suspectes
Ni seules ni démunies, elles ont décidé de ne pas avoir d'enfants.
De par son histoire personnelle, Colombe Schneck, dont les grands-tantes, déportées, ont perdu leurs enfants à Auschwitz, et ont choisi d'en avoir d'autres très vite après la guerre, a ressenti la maternité comme une évidence "liée à la vie même". "Mère heureuse de deux enfants", elle est néanmoins intriguée par celles qui ont fait le choix inverse. La journaliste et écrivain s'interroge aussi sur le jugement sévère que la société porte sur ces femmes sans enfant, facilement taxées d'égoïsme, de narcissisme, de névroses diverses… Pour en savoir plus, elle a rencontré Marie-Laure, 50 ans, une esthéticienne vivant à Paris, Eva, une Allemande de 80 ans, et Orna, 37 ans, une Israélienne, auteure d'une thèse sur les mères qui regrettent d'avoir eu des enfants.
"Panique"
Ces femmes ont en commun une jeunesse heureuse et un grand besoin d'indépendance. Passionnée par son métier, Eva a, par exemple, privilégié sa carrière, dans un pays, l'Allemagne, qui propose peu de modes de garde et oblige les femmes à choisir. Cela ne l'empêche pas de s'investir auprès d'enfants en tant que bénévole. Marie-Laure, elle, s'occupe tous les mercredis de sa filleule. Mais les deux femmes insistent : il ne s'agit pas d'une compensation mais d'une envie. Qu'elles soient militantes ou non, ces trois anticonformistes doivent assumer leur statut et les réactions négatives qu'il suscite, qu'Orna attribue à un sentiment de "panique face à toute déviation de la norme". Le film les montre aussi dans leur vie quotidienne, confrontées à des proches aimants mais pas forcément approbateurs. Ces derniers poussent les trois femmes dans leurs retranchements et les incitent à justifier leur choix par de solides arguments. Trois beaux portraits qui montrent la complexité qui caractérise le désir d'enfant.