La Ronde

Blaise Perrin (Réalisateur)

Nulle réminiscence de Max Ophuls dans ce titre qui évoque la tâche, répétitive et prosaïque, qui incombe à ceux qui veillent sur les autres. Homme de devoir, policier retraité, Yukio Shige est surtout un humaniste convaincu. Chaque jour, à la tombée de la nuit, il arpente jumelles en mains le sentier de la côte de basalte de Tojinbo, un site touristique situé près de la ville de Sakai, sur la mer du Japon. « J’avais découvert l'existence de Yukio Shige par la lecture d'un roman d’Olivier Adam, «Le Cœur régulier», inspiré par son histoire. Impressionné par l’absolue détermination du personnage, la nécessité de son action et le décor exceptionnel où elle s’inscrit, j'ai décidé de me rendre à Tojinbo pour le rencontrer, connaître ce lieu dont la réputation fascine et génère un tourisme de masse, tenter de saisir cette atmosphère singulière, entre fiction romantique et réalité cruelle.» (Blaise Perrin). La petite cité balnéaire accueille en effet de nombreux voyageurs attirés par le spectacle des falaises volcaniques et d’autres visiteurs qui viennent y finir leurs jours lorsque le désespoir est trop fort. M. Shige raconte des histoires qui parlent de pauvreté, de crise économique, de honte, de rejet. Un couple désargenté qu’il a sauvé de la mort une première fois, lui a écrit une belle et émouvante lettre pour le remercier et s’excuser de devoir revenir achever leur geste létal : partout où ils sont passés pour obtenir de l’aide, on les a refoulés avec cruauté et mépris. Ces épisodes tragiques en disent long sur l’âme japonaise et la pression que la société exerce sur ceux qui n’ont pas réussi ou ont été malchanceux. Yukio Shige a créé une association pour donner une seconde chance à ces malheureux. Financée sur fonds privés, dont la propre retraite de Shige, l’association offre des aides d’urgence et un toit le temps de se reconstruire. Le vieil homme y tient, son oeuvre doit lui survivre.

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