Syracuse

C'est l'histoire d'une femme qui a perdu son mari sur le front.
Devenue, avec son fils, butin de guerre, elle doit faire face à ce dilemme : se marier et trahir la mémoire de son époux pour sauver son fils, ou ne pas se marier et sacrifier son fils pour ne pas trahir la mémoire de son époux.
Épouse ou mère parfaite, et vous, que feriez-vous à la place d'Andromaque ?

Une pièce encore d'actualité

"Tirer Andromaque de l'oubli peut être porteur pour les femmes d'aujourd'hui, celles qui sont mères et celles qui ne veulent pas l'être. Parce qu'Andromaque nous prouve que c’est en refusant qu'on peut arriver à nos fins. C'est pour moi une héroïne du refus alors même qu'elle n’est pas en position de refuser puisque c'est une victime, une prisonnière, et pourtant, elle va tenir tête au tyran." Jennifer Tamas

Un questionnement sur le consentement

"On mentionne souvent la “chaîne amoureuse” de Barthes : c’est l'histoire d'Oreste qui aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector qui est mort. Mais c'est avant tout une pièce sur le consentement : Pyrrhus essaye de forcer le consentement d'Andromaque qui ne lui répond pas. Le silence devient donc un pouvoir d'action. C'est l'idée qu'on va forcer l'autre à dire oui. Et Andromaque dit non." Jennifer Tamas

Genres et fluidité

"Si on analyse la pièce au prisme du genre, on voit qu'il y a des flottements. On présente souvent Andromaque comme une femme passive alors qu’elle est un personnage de la ruse, de la politique, comme Hermione qui joue sur les sentiments d’Oreste. La ruse et la politique sont donc du côté des femmes alors que du côté des hommes, il y a les pleurs. C’est l'un des héritages de la galanterie que de montrer que les hommes sont sensibles aux femmes et que le discours amoureux se tisse des hommes aux femmes et réciproquement." Jennifer Tamas

Sons diffusés :

• Extraits de la pièce Andromaque, de Racine, dans Fiction et Compagnie, France Culture, 16 octobre 2016 : direction artistique d'Elsa Lepoivre de la Comédie Française ; interprètes : Cécile Brune (Andromaque), Eric Génovèse (Pyrrhus), Alain Lenglet (Phoenix), Céline Samie (Céphise), Stéphane Varupenne (Pylade), Suliane Brahim (Hermione), Clément Hervieu-Léger (Oreste) ; réalisation : Sophie-Aude Picon
• Archive de Michel Serres présentant Andromaque comme la veuve noire, celle qui arrête de vivre, dans La Matinale de France Musique, 05/10/2012
• Chanson d'Anne Sylvestre, Pleure ma Terre
• Chanson de fin : Melina Mercouri, La Veuve du colonel (extrait de l'opéra-bouffe La Vie parisienne, musique de Jacques Offenbach)

Bibliographie :

• Jennifer Tamas, Au non des femmes : Libérer nos classiques du regard masculin, aux éditions du Seuil
• Jennifer Tamas, Le silence trahi : Racine ou la déclaration tragique, aux éditions Droz