Dans un monde où la majorité de la musique pop s'abreuve à la source des sonorités électroniques et flirte avec le rap, le reggaeton ou bien s'ancre dans une tradition de la country hyper simple comme le montre le succès de Taylor Swift en ce moment par exemple, nous voulions saluer le travail de trois artistes qui ont fait le choix de faire exactement l'inverse : Une pop profondément orchestrale, très travaillée mais totalement organique. Bref, une pop élégiaque où la voix de l'artiste se perd dans les cordes, les orgues, les vents et les chœurs.
Il et elles s'appellent Andrea Lazslo de Simone, Weyes Blood ou Lana Del Rey. Ils s'inscrivent dans une très longue tradition dont il est très difficile de définir les limites, d'imaginer la généalogie, celle de la chamber pop, qui a connu son âge d'or dans les années 60 quand pour la première fois, la pop s'est entichée de la musique classique pour notre plus grand bonheur et pour le plus grand succès de celles et ceux qui s'y sont essayés. Qui sont ces pionniers et pionnières d'hier et d'aujourd'hui ? Que cherchaient-ils à faire en organisant ce voyage délicieux de guitare, de batterie, de cordes et de chœurs ? De Burt Bacharah à Lana Del Rey et Weyes Blood, ode à la pop orchestrale dans la série musicale !
Burt Bacharach, parrain de la pop orchestral
Dans les années 60, c'est lui qui va imaginer introduire des arrangements très sophistiqués dans ses tubes qui sont véritablement écrits comme des tubes de pop. La pop qui s'écrivait alors toujours avec trois guitares, une basse, une batterie (et à la rigueur un clavier) va devenir soudainement très orchestrale. On l'entend notamment dans "Walk on by" par exemple, un de ses tubes chantés par la grande Dionne Warwick en 1963. Burt Bacharach continuera de creuser ce sillon musical et c'est lui d'ailleurs qui donnera naissance au terme de "pop baroque".
Brian Wilson, génial orchestrateur de pop !
Les musiques novatrices dans ce registre date de la fin des années 60. L'un des groupes les plus révolutionnaires en la matière est l'équipe des Beach Boys et de sa tête pensante Brian Wilson. En 1966 et en 1967, ce dernier va faire paraître deux albums qui vont littéralement mettre le monde de la pop à plat : "Pet sounds" et "The Smile sessions". Ces deux disques sont tout à fait différents mais apportent tous les deux, une forme d'audace caractéristique au travail de Brian Wilson. Avec ces deux albums marquants dans l'histoire de la musique : On sort des codes classiques de la pop, on amène à la fois des orchestres, des clavecins et des cloches mais surtout on investit les chœurs qui fonctionnent alors eux aussi comme un orchestre. C'est une des grandes capacités de Wilson à faire des chœurs qui rassemblent en tout plus d'une trentaine de voix.
La pop envoutante d'Andrea Lazslo de Simone
Andréa Lazslo de Simone fait partie de cette scène pop orchestrale enthousiasmante et audacieuse de notre temps. Jeune trentenaire, pourtant décidé à mettre fin à sa carrière, poursuit finalement son chemin musical et solitaire pour notre plus grand bonheur. A la silhouette à la Frank Zappa, le musicien vient du rock le plus pur. Quand il avait une vingtaine d'années, on le comparait beaucoup à Maneskin, un groupe de rock italien qui a gagné l'Eurovision l'année dernière. Mais alors que ce groupe s'appuie sur une instrumentation assez classique, c'est-à-dire deux guitares une basse et une batterie, le jeune musicien Lazlso de Simone inove avec des clarinettes, de la mandoline et d'autres instruments. Il imagine aussi des chœurs lancinants en utilisant la reverbe. Il porte ainsi une musique organique et élégiaque en utilisant tous les possibles de la technologie. Serait-ce donc ça l'art de la pop façon 2023 ?
Références musicales et archives
- Andrea Laszlo de Simone, I nostri giorni
- Dionne Warwick, Walk on by
- Archive : Brian Wilson, source : BBC
- The Beach Boys, Cabinessence
- The Left Banke, Walk away Renée
- Montage, Grand pianist
- The Beatles, She's leaving home
- Barry Ryan, Eloise
- Archive : Weyes Blood, source : Radio nova
- Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody
- Scott Walker, Plastic Palace
- Divine Comedy, Our mutual friend
- Lana del Rey, Norman fucking Rockwell